- 14 novembre 2009, par Emmanuel Steiner
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cela fait déjà plusieurs fois qu’il vient rôder autour de la place du PCF, à la recherche de cet étrange individu aux deux grosses bosses sur la tête, une sur la tempe droite et l’autre au sommet de son crâne dégarni, ce qui lui donne une dimension réellement effrayante, l’ayant d’ailleurs amené à surnommer Ovipalovsky ce type qu’il observe toujours de loin, en train de tendre la main (…)
- 16 octobre 2009, par GA Quiniou
A une petite souris de Cleden.
Agathe a décacheté l’enveloppe, soigneusement, à l’aide d’un petit couteau pointu de la cuisine. Elle ne reçoit jamais de lettres d’habitude, sauf pendant les vacances, lorsque les copines qui sont parties lui écrivent, ou alors de sa cousine d’Avignon mais pas plus de deux ou trois fois par an car le plus souvent elle lui parle au téléphone : leurs mères (…)
- 8 octobre 2009, par Kaoutar Harchi
Toujours à la même place, près de la fenêtre. Les mains dans le dos. Le dos au mur. Elle laisse tomber sa tête en arrière. Sa gorge se tend comme une corde que je voudrais nouer autour de la mienne. C’est serrer qu’il faut, je me dis. Serrer fort, dur. J’imagine la garder pour moi, l’attacher, la séquestrer.
Qui se souvient des filles, sans affaires, tout juste une robe froissée, qui (…)
- 5 octobre 2009, par Thomas Vinau
Dans ma boutique, je croise toutes sortes de gens. Je ne les rencontre pas souvent mais je les croise, je les aperçois, j’entends une phrase ou deux et tout cela est suffisant pour imaginer la suite. La vie je ne la vis pas, j’y assiste et je prends des notes, c’est mon bonheur ! Je vois défiler de tout, parce que n’importe qui a besoin de venir chez moi. Je fais un travail que peu de gens (…)
- 25 août 2009, par www
« Adieu la vie, adieu l’amour,
Adieu toutes les femmes.
C’est bien fini, c’est pour toujours,
De cette guerre infâme.
C’est à Craonne, sur le plateau,
Qu’on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés
C’est nous les sacrifiés ! »
Chanson de Craonne, 1917
Novembre 1935
1. A l’ombre des grands morts
« Les Français n’ont plus qu’une passion, de crever... (…)
- 2 août 2009, par Ahmed Bengriche
LE REVE
« Ce soir, je dormirai ici ; puis la femme demanda : tu l’as vu ? »
Elle était assise sur un coussin, le deux jambes allongées, l’un des pieds posé sur un petit banc, dans un réduit attenant aux étables, pelant des patates. Tout près d’elle un canoun allumé et à portée de sa main un seau d’eau. C’était un dimanche brumeux de fin de saison…
Je l’ai vu, dit Sadek. Il était (…)
- 2 août 2009, par Ahmed Bengriche
— J’en ai déjà égorgé trois.
— Encore un, Oncle Kadour !
— Pas possible ! Kadour avait l’air de regarder à travers l’arbre et les maisons… là-bas…
Il ajouta : égorgez vos moutons vous-mêmes !
— C’est vrai, dit Miloud ! Mais je n’ai jamais appris, Oncle Kadour… et puis il y a les enfants…
et c’est l’Aïd …
— Et puis… ne m’appelle plus Oncle ! Hé ! cria Miloud, ça va pas (…)
- 6 juillet 2009, par Karine Macarez
Lorsque Totof est venu au monde, il y a eu un très gros orage. Pépé pense que ça a sûrement fait disjoncter un appareil à la maternité, et que c’est pour ça que Totof est pas comme les autres. Mémé a une autre théorie : elle dit que maman a pas bien mangé comme il fallait quand elle était enceinte.
Moi, j’avais que quatre ans quand il est arrivé et lorsque j’ai vu sa grosse tête émerger des (…)
- 30 juin 2009, par Cynthia Van Lauwe
« Bienvenue ». Un mot, un seul, sur cette banderole rédigée à mon attention.
Bienvenue, comme si j’étais parti depuis une éternité, émergeant d’un profond coma, ou de retour d’interminables péripéties à travers le monde.
Mes parents, mes amis, mes collègues, tous étaient là pour célébrer ma prétendue résurrection, occultant par maladresse et quelques mots, 36 années d’une vie qu’ils (…)
- 22 juin 2009, par Gaël Brunet
De tout là-haut, par grand vent, j’entends les paquets de mer qui viennent se fracasser sur le roc et le granit. Mâchoire incontrôlée. Incessante et folle. Un fracas tel que tous les bruits habituels en sont couverts. Le craquement des chips sous mes dents devient presque feutré. Comme disparu dans le fond de ma gorge. Avalé dans la tempête. Le phare vibre sous les coups de boutoir des eaux (…)