- 16 avril 2009, par Pierre-Emmanuel Marais
Il y a une chaise derrière la fenêtre. Une petite chaise en osier. La fenêtre est ouverte. Elle donne sur la rue. J’aperçois le ferry qui s’approche de l’île. En bas les gens descendent vers le port. Les gens de l’île. Ils sont peu nombreux. Ils pressent le pas.
Et puis il y a ce vent, un vent fort qui vient du large. Une tempête qui s’annonce. J’oublie le vent. Un vent de gwalarn. Le (…)
- 16 février 2009, par Yamilé Haraoui-Ghebalou
Un claquement sec, juste le temps de ne pas comprendre, mais d’entendre, au pied des barbelés, le lointain grésillement de ce qui s’appelait une chair. Entamée, blessée, laminée, elle s’écoule avec cette vivante chaleur que l’obscurité ne permet pas de reconnaître. On devine, surtout quand une bourrasque intérieure vient désagréger la force qui restait, que l’on titube, comme ivre et arrêté, (…)
- 9 janvier 2009, par Ahmed Bengriche
La nuit tombait sur la ville.
Il se dit qu’il ne se sentait pas saoul et le clama à haute voix. Depuis sa sortie du bistrot, il n’ y
avait que des lumières qui lui traversaient l’esprit. Feux rouges, phares, lampadaires, enseignes...
Il s’arrêta, essaya de se souvenir de cette scène qui s’était passée à l’intérieur du bar et qui avait
fini par éjecter tout le monde au (…)
- 9 janvier 2009, par Ahmed Bengriche
Plus il scrutait les murs plus ceux-ci fuyaient par les côtés qui ondulaient, devenant obliques
dans plus d’un sens. Et ces couleurs juxtaposées qui venaient les charger et les voilà
impénétrables, durs comme fer, tendus, voûtés comme si quelque vent les aspirait de l’extérieur.
Il cligna une fois, deux fois, des yeux, ressentit son estomac au niveau de la gorge et sa pomme
d’Adam (…)
- 7 janvier 2009, par Yamilé Haraoui-Ghebalou
Elle n’en finissait pas de parcourir ce boyau d’histoire, délabré, sombre et si mal entretenu. Elle passait quotidiennement par ce détour de temps pour gagner la rue basse où circulaient les voitures, les passants, les chalands, les femmes et les enfants dont elle craignait les cris perçants et les gestes brusques. L’instant de la cohue et de l’embouteillage, traditionnel à ces heures (…)
- 19 novembre 2008, par jean-Noël Sciarini
Une petite fenêtre. Comme plantée là. Elle jurait avec les autres fenêtres, si grandes, de cet immeuble qui faisait face à celui dans lequel je vivais mes premiers instants. Une anomalie. Et puis il y avait cette façade orange affreuse, écaillée ; on ne pouvait que détourner le regard, imaginer au loin, d’autres beautés. Cela, c’était sans compter la musique déchirante et sublime qui émergeait (…)
- 7 novembre 2008, par Karine Macarez
Tous les ans, à la période de Noël, Martine avait son coup de blues, comme elle disait. Alors, pour combattre la mélancolie, seule dans sa caravane, elle s’achetait une bouteille de gin et ressortait ses vieux albums photos jaunis par la cigarette. Dix années de tabagisme avaient réussi à tout dévorer, du papier peint aux meubles, en passant par les rideaux et le plafond, qui s’était recouvert (…)
- 27 octobre 2008, par Bernard Deglet
Le coucou
Le coucou
On ne le voit jamais,
mais il annonce le printemps.
« Le coucou gris de l’Afrique est gris ».
Avec mes déficients j’avais décidé (avec difficulté) de leur faire apprendre cette chanson, sachant que la plupart la connaissaient. On commence la chanson et au moment de faire les « coucou » ça part dans tous les sens, alors que le coucou, c’est ce que je leur ai (…)
- 20 octobre 2008, par Olivia Cham
« Si je voulais résumer, je dirais que c’est comme dans ce roman de Duras, Le Marin de Gibraltar.
Enfin, pas tout à fait : ce serait sans le marin, ni Gibraltar, et sans celle qu’il appelle l’Américaine - Anna, je crois. Sans cette femme qui était si belle, si séduisante, que c’était comme si l’on n’avait jamais connu d’autre femme avant elle, est-il dit.
Ce serait donc, pour être (…)
- 5 septembre 2008, par Karine Macarez
A soixante-seize ans, Odette Lebon était passée maître dans l’art de faire tourner son entourage en bourrique.
Si son fragile gosier se déshydratait, on se précipitait pour lui apporter un verre d’eau ; si un objet lui échappait malencontreusement, quatre paires de mains tâtonnaient sous le canapé pour le récupérer immédiatement. On n’hésitait pas non plus à se rechausser de bonne grâce (…)