- 11 janvier 2013, par Raymond Penblanc
Il a toujours tenu à garder le stylo, un petit Bic bleu à pointe fine, désormais rangé dans le tiroir de son bureau. Pas un talisman, certes, loin de là, mais un témoignage, témoignage cruel qu’il lui arrive aujourd’hui encore d’interroger. Non pour essayer de comprendre. Il n’y a rien à comprendre. Un stylo n’est pas un objet énigmatique, un outil compliqué, ça n’est pas non plus un poignard, ou un (...)
- 21 décembre 2012, par Henri Cachau
Annabelle...
L’affiche était attrayante : un clown trompettiste hilare en premier plan, avec sur son pourtour des médaillons correspondant à des : trapézistes, jongleurs, dompteurs, etc., puis un qui l’attira concernant une ourse pétauriste... Si l’enfant fut subjugué par le plantigrade, son enthousiasme fut relativisé par son père lui faisant remarquer qu’il s’agissait de dressage ; qu’autrefois les (...)
- 19 décembre 2012, par Raymond Penblanc
Rarement le printemps se montre aussi en avance. D’habitude il faut le prendre par la main et l’aider à faire ses premiers pas. Mais depuis quelques jours il y a de la douceur dans l’air, un peu plus de vert dans les arbres, et depuis hier, merveille, on entend le coucou. Ce sont là des raisons suffisantes pour monter. L’après-midi promet d’être radieuse, et ce soir on dégustera le gâteau. Il en a (...)
- 26 novembre 2012, par Raymond Penblanc
Mettez-nous du Bach, avais-je répondu à la fille, tout en me faisant la remarque qu’avec ce visage pâle très allongé aux tempes saillantes, avec ces cheveux mi-longs très raides, d’un noir d’encre (noir corbeau) qui lui tombaient sur les épaules, elle représentait une parfaite allégorie de la mort. Sa voix grave avait quelque chose de rauque et de lointain qui remuait des choses dans mes profondeurs, que (...)
- 19 novembre 2012, par Frédéric L’Helgoualch
Quel âge a-t-il ? Impossible à dire, l’existence l’a trop abîmé. Je passe devant lui en coup de vent sans oser le dévisager. Si je le faisais, il ne s’en offusquerait pas. Son esprit semble planer à une distance stratosphérique : il ne s’embarrasse plus des codes sociaux. Je pars bosser, longe les couloirs du métro, à St Lazare, pour attraper ma correspondance. Tous les jours, il est là, sale, délirant, (...)
- 2 novembre 2012, par Frédéric L’Helgoualch
Les phrases sont balancées compulsivement sur l’écran. Comme un besoin naturel trop longtemps retenu. Mes mots ont mis quinze ans à se trouver et mûrir. Ils jaillissent brutalement aujourd’hui, enfin. Simples mais aiguisés comme des lames. Enfantins mais guerriers. Interrogatifs, désespérés et exutoires : « Tu m’aimes ? M’as-tu jamais aimé ? Es-tu capable d’aimer quelqu’un ? » Je ne me relis pas (je ne (...)
- 29 octobre 2012, par Henri Cachau
L’imagination est un génie à double face doté d’une puissance aussi salutaire que funeste, et paradoxalement les humains qui en bénéficient, loin d’être convaincus par les qualités de cet attribut plutôt souffrent de sa notoire inconséquence... En ce cas précis, l’oubli par un voyageur, inattentif ou impénitent rêveur, de descendre au terminus de la ligne ferroviaire empruntée ; dans la demi-heure suivante (...)
- 26 octobre 2012, par Raymond Penblanc
Quand le fourgon mortuaire, quittant la nationale, a brusquement bifurqué sur la droite, ils l’ont immédiatement suivi, pour ne pas le perdre, pour ne pas le laisser filer seul en rase campagne. Par acquit de conscience, le cadet a quand même tenu à vérifier dans le rétroviseur si l’aîné réagissait comme eux. Refusant de tenir compte de cette modification non prévue, l’aîné et sa femme, (...)
- 16 octobre 2012, par Raymond Penblanc
Elle avait passé une nuit éprouvante, ne trouvant le sommeil que peu avant l’aube, et encore, pour des rêves poisseux qui lui avait laissé une vague nausée et imprimé les plis de l’oreiller sur la joue. Bien que la porte-fenêtre du séjour fût restée ouverte durant toute la nuit, la température de l’appartement n’avait guère baissé depuis la veille. S’étant levée avec le jour, comme à son habitude, elle (...)
- 12 octobre 2012, par Henri Cachau
De cette promotion j’en avais été fier, un certain temps elle m’avait permis d’accompagner notre phénoménal boulanger lors de ses tournées de campagne ; notre artisan avait sollicité la présence d’un gamin pouvant le soulager, vu que l’arthrose et un embonpoint considérable ne lui facilitaient pas les manœuvres inhérentes à la distribution... Rapidement, puisque de visu je découvris les frasques du (...)