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Autobiographie

On établit ainsi une distinction avec les Mémoires qui mettent l’accent sur le contexte historique de la vie de l’auteur, en donnant souvent en exemple François-René de Chateaubriand et ses Mémoires d’outre-tombe, encore que le récit de l’enfance et de la jeunesse dans les premiers livres, comme les pages intimes dans la suite de l’œuvre, rendent la classification fragile. La distinction est plus convaincante pour les Commentaires de Blaise de Montluc ou les Mémoires de guerre du général Charles de Gaulle, mais il s’agit d’œuvres moins « littéraires ».
Philippe Lejeune précise sa définition en incluant la caractéristique de « récit rétrospectif », - essentiellement en prose et à la première personne mais sans exclure l’usage du vers et de la 3e personne (Marguerite Yourcenar, Souvenirs pieux). , voire de la 2e (Charles Juliet, Lambeaux) -, ce qui distingue l’autobiographie du journal/journal intime (Catherine Pozzi, Journal 1913-1934) ou de la correspondance (Correspondance 1918-1951, Jean Paulhan - André Gide) dont l’écriture est concomitante des faits vécus. L’autobiographie où l’auteur est à la fois dans la confidence, parfois la justification, et dans la recherche de soi, constitue toujours une reconstruction rétrospective ce qui la différencie des textes parcellaires à contenu autobiographique comme les recueils de poèmes lyriques.
Un autre point déterminant est la sincérité du propos : implicitement, l’auteur conclut un « pacte » avec le lecteur en utilisant la catégorie « autobiographie », il peut aussi préciser son intention dans une préface comme Jean-Jacques Rousseau pour les Confessions. La frontière est parfois floue avec le genre du roman comme pour le roman autobiographique (Benjamin Constant, Adolphe, 1816) ou l’autofiction (Annie Ernaux, Passion simple, 1991) moderne qui se réclament de la fiction par des intitulés comme récit, roman ou simplement par l’absence du mot « autobiographie », qui rejettent le pacte autobiographique.
L’autobiographie ainsi définie constitue donc une forme particulière de « l’écriture de soi » et des « récits de vie », un genre littéraire de l’époque moderne que l’on s’accorde à faire naître avec les Confessions de Jean-Jacques Rousseau dans la deuxième partie du xviiie siècle et qui s’épanouit avec l’époque romantique (Chateaubriand, George Sand, Musset) jusqu’à nos jours, en particulier avec les récits d’enfance grand public (Marcel Pagnol, Robert Sabatier) et les souvenirs réécrits (Philippe Noiret, Mémoire cavalière). Cependant les œuvres les plus intéressantes sont celles qui ont été renouvelées par l’apport de la psychanalyse (Michel Leiris, L’Âge d’homme - Sartre, les Mots), par les recherches formelles (Colette, Sido - Jean Giono, Jean le Bleu), et par le questionnement du genre ( Nathalie Sarraute, Enfance - Georges Perec, W ou le souvenir d’enfance - André Malraux, Antimémoires).

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