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2 octobre 2006, par Elisabeth Poulet
Pessoa, poète multiple
Fernando Pessoa a toujours souffert de ne pas se sentir être. Pour lui, ce n’est pas seulement la vraie vie qui est absente, mais toute vie est absence. Il faut donc rendre visible, sensible, cette absence ontologique. A la base de chaque être, il existe un principe d’incomplétude. L’être, insuffisant, a besoin d’un autre. L’individu cherche, non pas à être reconnu, (…)
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27 août 2010, par Elisabeth Poulet
J’ai découvert Wendy Guerra aux Assises internationales du roman. Née à la Havane en 1970, elle est poétesse, cinéaste et romancière. Diariste depuis l’enfance, sur une idée et à la demande de sa mère, elle utilise le journal intime comme matrice de son œuvre. Renonçant à publier ses journaux d’enfance sans rien en changer parce que sa propre voix lui semblait cruelle, une charge trop pesante (…)
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28 février 2022, par Elisabeth Poulet
Toute sa vie, et spécialement durant les années qui précédèrent son internement, Antonin Artaud n’a cessé de réfléchir à la question de l’énonciation et de son sujet dans le théâtre occidental, celle du théâtre et de son double. C’est dans cette question qu’il a trouvé comme la réalisation plastique et physique sur « le terrain organique de la scène », « l’expression dynamique et dans l’espace (…)
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12 septembre 2008, par Elisabeth Poulet
Tamara ne parle pas. Elle n’a jamais parlé. Aujourd’hui, devant l’œil du photographe, elle défie. A nous de tendre l’oreille de toutes nos forces pour l’entendre. Elle se tient debout sur le bidet, grandie, conquérante. Rasée, comme tous les enfants maltraités qui arrivent ici. Il faut neutraliser les maladies et donc les bestioles qui les transportent. A côté de Tamara, une jeune fille pleure (…)
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13 août 2012, par Elisabeth Poulet
« Ce sont nos efforts pour saisir tous les aspects de la vie qui la rendent si passionnément intéressante. » Virginia WOOLF
Noter, consigner, écrire sans cesse car déjà la lumière a changé, car déjà la saison a basculé et la mémoire est si défaillante. Le détail s’est évanoui, les chatoiements de la vie s’estompent, comment faire pour garder tout cela ? Ecrire un journal intime. C’est (…)
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28 août 2010, par Elisabeth Poulet
Un mot résonne continuellement à ses oreilles : convocation. Depuis le jour où elle a osé glisser un message dans la poche du pantalon de luxe qu’elle cousait pour une maison italienne, parce que « sans être forcément dans une situation difficile, on pense quand même : ce qui se passe ici ne peut pas être ma vie pour toujours », parce que « tôt ou tard, d’une manière ou d’une autre, on tente (…)
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24 mai 2010, par Elisabeth Poulet
Marc Lecas est un flegmatique. Il a toujours été d’un naturel accommodant, un homme doux et calme qui avait pour habitude de laisser les autres choisir pour lui jusqu’au jour où il fit l’expérience du pont, accoudé à la rambarde qui surplombait l’autoroute, là où « la tête se vidait rapidement de toute pensée » et où l’on parvenait « à une sorte de stupeur méditative que le flux des véhicules (…)
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9 mars 2006, par Elisabeth Poulet
Dès le début de sa correspondance avec Jacques Rivière, Antonin Artaud précise qu’il n’entend pas produire une oeuvre et qu’il s’agit de dissiper au plus vite les éventuels malentendus à ce sujet. S’il écrit, c’est pour serrer au plus près une forme où il pourrait se faire reconnaître et donc se reconnaître. C’est pourquoi il présente, de façon très insistante dans ses lettres, cette quête de (…)
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26 juillet 2011, par Elisabeth Poulet
Le polar nordique, qui se présente comme le porteur de mauvaises nouvelles dans les démocraties censément idylliques d’Europe du Nord, compte désormais un nouvel agitateur des consciences en la personne de Steinar Bragi. Le romancier a écrit Installation (Konur) juste avant la crise qui fit vaciller l’Islande, au moment où Reykjavik, devenue une véritable usine financière à l’écart du monde (…)
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18 août 2010, par Elisabeth Poulet
« La scène du film que je préfère est celle-là. La petite fille est punie, toujours sans qu’on le veuille d’ailleurs, sans que personne l’ait voulu, puisqu’elle est tout à fait solitaire. Inapprivoisable. Mais là, elle ne peut pas s’empêcher d’aller voir ce qui va se passer sur l’étang. Elle a vu Jeanne et la petite fille, la grande sœur, passer avec des rames. La voilà, c’est Nathalie toute (…)