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22 mai 2012, par Mariana Naydova
— Yana-a-a !
C’est mon père qui me cherche. Le dîner est prêt. De la grange des voisins, où je me cache, je fixe la fenêtre de la cuisine, éclairée comme un œil jaune. Maman met la table. Je la vois qui va qui vient, sans fin, nerveusement, ses gestes l’effacent. La chambre paraît vide, nue. Etrangère. Pauvre aussi… Que de mots qui sonnent creux encore ! Je veux leur donner mon propre sens, (…)
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17 novembre 2011, par Mariana Naydova
Ma boîte de réception est pleine à ras bord d’horoscopes d’amour, de synastries pour deux, de longs transits, et de transits courts, de carrés et conjonctions. Voici encore Fernand au cœur déchiré. Il habite près de mon Mars. Nous nous écrivons à propos de champignons et de comment sa femme, Anne, serait redevenue raisonnable, qu’elle vit une période de crise, que les enfants ont vidé sa (…)
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1er décembre 2011, par Mariana Naydova
— J’aime beaucoup mes enfants, Marie. Le jour de Toussaint je les ai emmenés avec ma voiture à Toulouse chez leurs cousins et pour qu’ils voient leur grand-mère.
Il n’y a pas de vent. L’air est fin, pur et tranchant. Fernand se détend sur sa chaise et allume une cigarette. Marie fume avec lui. Elle apporte une bouteille de vin rouge, et la chaleur du vin réchauffe l’estomac. Les yeux de (…)
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16 février 2011, par Mariana Naydova,
Sanja Knezevic
Regarde-moi, maman ! Je danse ! Ne sois pas méchante ! Le travail n’est pas un lièvre. Je vais, je vais aller ! Là-bas, devant l’hôpital, les gens arrêtent de me voir et me donnent de l’argent. Je pense que ce n’est pas comme la mendicité dans les grands magasins. Mendier dans l’hôpital me plaît. Voilà ce que j’aime. Sinon, les gens ne me regardent pas dans les yeux, en me jetant une pièce de (…)
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15 décembre 2011, par Mariana Naydova
Quelque part, dans mon repaire virtuel est apparu un jeune Richard. Il me disait qu’il était Richard d’Angleterre, dit Cœur de Lion. Il avait à peine quarante ans, et aimait les Lilith comme moi. Richard avait une théorie irréfutable. Les Lilith mûres comprenaient bien mieux les hommes, la vie. Elles s’habillaient mieux, faisaient mieux l’amour, et avaient eu plus d’expériences. Certaines (…)
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3 novembre 2011, par Mariana Naydova
Je suis Eva. Je ne suis qu’une référence banale de la Bible. Je détestais depuis toujours mon stupide prénom. Non pas que je ne le haïsse plus, mais sur le chat, et surtout sur les sites des amoureux, il travaille pour moi sur commande. Là, il est plein de malheureux qui veulent découvrir la sérénité, et ils s’accrochent à mon prénom avec l’espoir des noyés. C’est comme si j’étais leur mère, (…)
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10 novembre 2011, par Mariana Naydova
Chien était heureux. Les dîners désespérés, Anne dans sa chambre, les enfants sur l’ordinateur, et Fernand dans la cuisine devant sa bouteille de bière tiède, tout cela embêtait même le chien. Une femme est apparue, montée sur sur son vélo, et le chien a couru après elle. La femme s’est arrêtée.
— Excusez le chien ! Désolé, mais il est devenu un peu sauvage en ville. Vous vivez au paradis, (…)
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23 septembre 2010, par Mariana Naydova
Quelque part en France
Personnages :
SERGE – 50-55 ans, peu communicatif, célibataire, rêveur. Souffre d’un sentiment de culpabilité.
MAGDA – Attirante par ses qualités de femme d’intérieur. Amoureuse de Serge. Malheureuse, mais forte.
ANGELINA – Fragile, névrotique. La maternité est pour elle une obsession pathologique.
Enceinte. Amoureuse d’Obi.
OBI – D’origine africaine, (…)
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7 février 2011, par Mariana Naydova
PERSONNAGES
ELLE
LUI
LA GRAND - MERE
OKSANA
La scène est plongée dans le noir. C’est la nuit. On entend le bruit d’une clé qui cherche le trou de la serrure. Une voix féminine marmonne. Quelque chose tombe.
ELLE : Où est la serrure ? Zut ! Je ne vois rien ! - La porte s’ouvre enfin. Elle actionne l’interrupteur, la scène s’éclaire. Lumière jaune du couloir d’un petit (…)
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29 décembre 2011, par Mariana Naydova
Il semble que Dieu s’est souvenu de moi. Pour quelle autre raison aurais-je reçu ce message au-delà de l’oubli ? Mars m’avait écrit cette nuit et sa lettre clignotait sur l’écran et la peur m’attrapa comme le jour d’avant mon départ pour Paris. Eve me regardait d’un air boudeur à l’époque, et me faisait la lippe. Elle trouvait mon agitation bête et m’avait dit que j’allais perdre mon temps (…)