La Revue des Ressources

Yes Hong Kong & other poems 

traduits de l’anglais par Michèle Duclos

mardi 9 mai 2017, par Palden Sonam

Yes Hong Kong

Yes Hong Kong,
In your noble journey
For democracy and dignity
Freedom and justice
The road may be rough
And even the weather be wild
But your horizon is clear
Your hopes alive and heads high
And your determination defies all downfalls

Yes Hong Kong,
The storm of oppression is approaching
With tear gases and thugs
And threat of violence is erupting
With tanks and machine guns
The PLA zombies are craving
Their itchy fingers on triggers
But what can they do ?
They may break your bones
But never your spirit
Hong Kong’s spirit for democracy
And human’s spirit for freedom
They are inborn not injected
Therefore, they can be
Neither rejected nor ejected

Yes Hong Kong,
The wind of democracy is started
It will never stop
It will blow over Hong Kong
And will hit Shanghai
Beijing also loves breeze
We can hear its whispers
Freedom and franchise
We can see its future
Free men and fair society

Yes Hong Kong,
The world fell in love with you
For you bring hopes to humanity
While your opponent creates only fears
Through your peaceful actions
We can see the coming of a new era
The dawn of democracy
And dusk of dictatorship
The dawn lives into the day
And dusk dies into the night

Note : It is dedicated to all the Hong Kongers who are peacefully and the most rightfully fighting for a future where they can live in a free and open society where people can decide who and how they will govern themselves not the other way round. With love from Tibet in solidarity with Hong Kongers.

Oui, Hong Kong

Oui, Hong Kong.
Dans ta noble entreprise
Vers la démocratie et la dignité
La liberté et la justice.
La route sera rude
Et même la mer démontée
Mais ton horizon est clair
Ton espoir vif, les têtes hautes
Et ta détermination défie toute chute.

Oui, Hong Kong,
L’assaut de l’oppression approche
Avec des gaz lacrymogènes lancés par des sbires
Et la violence sur le point d’éclater
Mais ces brutes exacerbées
Doigt sur la gâchette,
Que peuvent-ils ?
Briser nos os
Mais jamais notre détermination.
L’élan de Hong Kong vers la démocratie
Et l’élan des hommes vers la liberté
Sont innés, non induits
Et ainsi ne peuvent être
Ni rejetés ni éjectés.

Oui, Hong Kong
Le vent de la démocratie est lancé
Et jamais ne s’arrêtera.
Il survolera Hong Kong
Jusqu’à Shanghaï
Pékin aussi aime le vent
On entend son murmure
Liberté et franchise,
On aperçoit son avenir,
Des hommes libres et une société égalitaire.

Oui, Hong Kong,
Le monde est épris de vous
Car tu apportes l’espoir à l’humanité
Alors que ton opposant ne crée que des peurs.
A travers tes actions pacifiques
Nous voyons venir une nouvelle ère,
L’aube de la démocratie,
Le crépuscule de la dictature.
L’aube s’ouvre au jour
Et le crépuscule s’enfonce dans la nuit.

Note : Dédié à tous les Hongkongais qui pacifiquement et à bon droit se battent pour un avenir qu’ils pourront vivre dans une société ouverte où les gens décident de où et comment ils se gouvernent et non l’inverse. Avec toute l’affection du Tibet en solidarité avec le Hongkongais. -

Paper Boat

Rains falling in torrents tossed a city into a sudden flood,
unguarded like a surprise guerrilla attack.
Nothing left unturned and untouched.

Those on the roads prayed ; some for mercy and others for a miracle.

The buses, cars, bikes and all crawled like a wounded soldier groaning and grating in the water. Their dippers sent dismal reddish hues along the streets and their mournful honking neither stopped the rains nor spurred their speed. Nature decides what is the final and inevitable.

The tiny holes on the walls sent small rivulets inside the room and waterfalls on the walls. It did not matter even if your rent was duly paid. The rain had its reasons and the water, its course.

Wildly I ran after my T-shirts and towels to mend the unfaithful holes.

Resistance runs in the angry veins of a refugee kicked away from his homeland.

And I refused to get my temporary existence washed away like a paper boat after being told time and again that our country was also crashed like a paper boat. I don’t want to happen anything like a paper boat, sinking into historical oblivion.

There is nothing to my name but still I aspire for a recognition.

I am alive and angry.

Eight hundred and forty-three miles away from home for decade plus, sometimes I bang my head against the wall to ensure still it can feel the blow.

Meanwhile the newspaper was delivered at five in the evening. Everyday has its own surprise.

But surprise does not define the life of a refugee, humiliation does it.

Bateau de papier

Des trombes de pluie soudaines plongèrent dans un torrent la ville
prise par surprise comme dans une attaque de guérilla.

Rien qui reste indemne, épargné.

Sur les routes on priait, les uns demandant grâce, d’autres un miracle.

Autobus, voitures, vélos, tous rampaient comme un soldat gémissant et se trainant dans l’eau. Les phares envoyaient des rougeoiements sinistres le long des rues et leurs klaxons funèbres ni n’arrêtaient l’eau ni ne stimulaient leur vitesse. Nature décide de l’inévitable et du définitif.

Sur les murs des petits trous envoyaient des filets et des chutes d’eau. Peu importait même que votre loyer fût payé ou pas. La pluie avait ses raisons et l’eau, son cours.

Au hasard j’attrapai T-shirts et serviettes pour réparer la traitrise des trous.
La résistance coule dans les veines irritées d’un réfugié chassé brutalement de sa patrie.

Et je refusai de voir mon existence temporaire emportée comme un bateau de papier après qu’on m’eût dit et redit que notre pays aussi était écrasé comme un bateau de papier. Je refuse de ressembler à un bateau de papier et couler dans l’oubli de l’histoire.

Mon nom n’est rien mais j’aspire à une reconnaissance.

Je suis vivant et en colère.

A huit cents quarante trois miles de chez moi depuis plus d’une décennie parfois je cogne ma tête contre le mur pour m’assurer que je puis toujours sentir le coup.

Cependant le journal fut livré à cinq heures de l’après-midi. Chaque jour a ses surprises.

Mais la surprise ne définit pas la vie d’un réfugié, l’humiliation si.

Midnight Torture

They raped my night
And killed my dreams
The darkness did not witness anything.

The mosquitoes are driving me out.
Out of this restless mind.
Who cares but they do it.

Is there another existence outside this exile ?
I mean to ‘exist’ not to live.
I won’t commit the crime to live.

A room cannot substitute for home,
It is a matter of heart.

***

Torture à minuit

Ils ont violé ma nuit
et tué mes rêves.
L’obscurité n’a rien vu.

Les moustiques m’ont chassé.
Hors de cet esprit intranquille
Qui se soucie de ce qu’ils font ?

Est-il une autre existence hors de cet exil ?
Je dis « exister », non pas « vivre ».
Je ne commettrai pas le crime de vivre.

Une chambre ne peut remplacer un foyer,
c’est une question de cœur.

The Agony

The organs of my mother are infested by wild insects and I cannot protect her.
I am angry with my own acute sense of powerlessness.

The words have never been so broken
And the voices so silent as they are now.

I am waiting for a revolution between the lines
and break the iceberg of indifferences.

My friends tell me time and again that they see
My wounds and feel my pains and humiliations.

But wait, I am more baffled now than blessed
When your actions are more and often determined
By the immediate profits than by the upright principles.

I am lingering in the agony of dilemma,
Not knowing the friends from the foes
When I bleed from the chest as well as the back.
Where should I point the middle finger ?

***

For love,
My heart breaks like an ice
And for freedom
It bleeds like a river

***

The country is dead.
Long live our compassion !

***

Dear highway,
Take me to the beloved,
I miss the pride of her mountains,
The freedom of the rivers
And the warmth of a motherland
There is no orphanage as cold as exile.
Don’t leave me in the stark limbo.

Affres

Les organes de ma mère sont envahis par des insectes fous et je ne peux la protéger.
Je m’irrite de mon sentiment aigu d’impuissance.
Les paroles n’ont jamais été si hachées
et les voix aussi silencieuses que maintenant.

J’attends une révolution entre les lignes
pour briser l’iceberg des indifférences.

Mes amis me disent et redisent qu’ils voient
mes blessures et ressentent mes souffrances et mes humiliations.

Mais alors je me sens plus berné que béni
quand vos actions sont de plus en plus déterminées
par des profits immédiats que par des principes de droiture.

Plongé dans des affres de dilemme
ne distinguant pas les alliés des adversaires
quand ma poitrine comme mon dos saignent.
où pointer le doigt médian ?
***
Par amour
mon coeur se brise comme de la glace
et pour la liberté
il saigne comme un fleuve

***

Le pays est mort
Vive la compassion !

***

Chère grand route,
mène-moi à l’aimée,
j’aspire à la fierté de ses montagnes,
à la liberté de ses fleuves
et à la chaleur d’une mère patrie.
Nul orphelinat n’est aussi froid que l’exil.
Ne me laisse pas dans les limbes désolées.

Under the Moon

The wind wails
And trees tremble
Leaves low on the floor
Falling at my naked feeling
To mourn the lost
And heal the wounds
That haunting my broken heart
Suffering in silence
Behind her absence
My beloved motherland

Tonight under the moon
I count the days of my exile
Struggles and studies
In a queer foreign land
Home hangs on my hope
Too near to think of
But too far to go

Now my heart is heavy
And mind is restless
My body is on the verge of explosion
Frustration and fatigue filled
I had been too patient with the past
Now I can’t bear the present
A hell with a heavenly mask
How I am to see the future ?
Too dark and distant

Sous la lune

Le vent gémit
et les arbres tremblent.
Des feuilles bas sur le sol
tombent sur ma sensibilité nue
pour pleurer les perdus
et guérir les blessures
qui hantent mon cœur brisé
souffrant en silence
dans l’absence
de ma mère patrie bien aimée.

Ce soir sous la lune
je compte les jours de mon exil.
Etudes et efforts
dans un pays étranger étrange,
mon pays pendu à mon espoir
trop près pour y penser
mais trop loin
pour y aller

Maintenant mon cœur est lourd
et mon esprit agité
Mon corps au bord d’exploser
rempli de frustration et de fatigue
Trop patient avec le passé
je ne puis désormais supporter le présent
Au diable le masque céleste
Comment dois-je voir l’avenir ?
Trop sombre et trop distant.

Make Your Victory

Collect your prayers and mantras and put them back into the books or beads.
There is no god to answer them.

Take back your appeals and letters ; the world is a deaf cave.
Don’t follow the hollow.

Instead ;
Sign in Facebook and update your status : Free Tibet !

Somebody will hit a like and that makes it a success.
Today everybody wants instant victories.

***

Battez-vous jusqu’à la victoire

Rassemblez vos prières et vos mantras et rentrez-les dans les livres et les chapelets.
Il n’y a pas de dieu pour leur répondre.

Reprenez vos appels et vos lettres ; le monde est une cavité sourde.
Ne suivez pas le creux.

Au lieu de quoi :
Engagez-vous dans Facebook et mettez à jour votre statut : Tibet Libre !

Quelqu’un aura le même geste et là sera la réussite.
Aujourd’hui tous veulent des victoires instantanées.

Sense of Lost

We lost our freedom
And fled our home
The list of refugees lengthened
But not the freedom fighters

We cried out our pains and plights,
But forget to roar the fights.
Tears can never wash the bloods
And a forlorn hope cannot get us on the hills of freedom.

Shout it, if your tongue is not cut
Raise it, if your hand is not chopped
Remember it, if your brain is not stripped of its cells
And feel it, if you are left with a tinge of dignity.

Sens de la perte

Nous avons perdu notre liberté
et fui notre patrie.
Plus nombreux sont les réfugiés
mais non les combattants de la liberté.

Nous avons crié notre douleur, notre destin
Mais oublié de faire rugir la lutte.
Jamais les larmes ne laveront le sang versé
ni vague espoir nous mener vers les collines de la liberté.

Criez pour elle si votre langue n’est pas coupée,
Levez vos mains pour elle si elles ne sont pas tranchées
Gardez-la en mémoire si votre cerveau n’est pas vidé de ses cellules 
Et vivez-là s’il vous reste un soupçon de dignité.

Mountain Nation

We belong to the mountains.

Our mother was a rock ogress who fell in love with the monkey of compassion. They had six children and we are six million strong now. We are a big beautiful family.

Our mountains wear snow caps. We call ourselves as people with black head and red cheeks.

When the Chinese boots stepped on our land with their red flags and red banners, we did not like it.

We soon found our blood washing their flags and hands. Red, hot and still alive. Our people did not die, they are murdered. There is a big difference between the work of nature and evil.

After decades of wild dusts and foreign fires, our mountains begin to go bald.

Our black hairs cannot help them. We also look like something else.

Mountain people live above the clouds but we know where the ground lies. The wisdom of our forefathers is that we have to respect even the dignity of a single blade of grass.

When I was a child, mother told me that every cloud has a story to carry.

To where ? I would ask her. Children should not ask more, she said.

She also told me, Milarepa meditated in a mountain cave and survived on betel leaves.

I did not ask her how.

I also learnt from my mother that there is a girl on the moon and on every full moon day, she goes to fetch water. Looking to the full moon sailing through the clear blue sky of Tibet, I always see her. I don’t know whether it’s a matter of fact or faith.

When I studied science in the school, the first time I saw images of the moon’s geography, I was wondered if anybody saw the girl on the moon. She must be grown up now.

Nation montagne

Nous appartenons aux montagnes.

Notre mère était une roche ogresse qui était tombée amoureuse du singe de la compassion. Nous sommes une belle famille.

Nos montagnes sont coiffées de neige. Nous nous appelons le peuple à la tête noire et aux joues rouges.

Quand les bottes chinoises ont marché sur note terre avec leurs drapeaux rouges et leurs bannières rouges, nous n’avons pas apprécié.

Vite notre sang a lavé leurs drapeaux et leurs mains. Rouge, chaud, toujours vivant. Notre peuple n’est pas mort, mais il est assassiné. Il y a une grande différence entre le travail de la nature et le mal.

Après des décennies de poussière folle et de feux étrangers, nos montagnes sont devenues chauves.

Nos cheveux noirs ne peuvent l’empêcher. Nous aussi nous ressemblons à quelque chose d’autre.

Les gens des montagnes vivent au-dessus des nuages mais nous savons où s’étend le sol. La sagesse de nos ancêtres veut que nous devions respecter même la dignité d’un seul brin d’herbe.

Quand j’étais enfant, ma mère me disait que tout nuage a une histoire à porter.
Où ? lui demandais-je ? Les enfants ne doivent pas poser de questions, répondait-elle.

Elle me disait aussi que Milarepa méditait dans une grotte de montagne et survécut grâce à des feuilles de bétel.

Je ne lui demandai pas comment.

J’appris aussi de ma mère qu’il y a une petite fille sur la lune et que chaque fois que la lune est pleine elle va chercher de l’eau. Contemplant la pleine lune qui navigue dans le ciel bleu clair du Tibet je la vois toujours. Je ne sais s’il s’agit d’un fait ou d’un acte de foi.

Quand j’ai étudié les sciences à l’école, la première fois que j’ai vu une cartographie de la lune je me suis demandé si quelqu’un d’autre voyait la petite fille sur la lune. Elle doit être grande maintenant.

A Lotus

Its chilly like cold hell
I was shivering like a grass on a rock
My bones were paining under the skin
The skin coated with sweater and jacket

As I forced myself to college
A street child was playing by the roadside
Without a proper shirt on his bony back
But with a perfect smile on his cracked lips

Here he was a lotus
At midst of cold, hunger and thirst
There is a beauty defying the reality
Like a lotus blossoming in the midst of mud

Un Lotus

Il fait un froid d’enfer
et je frissonnais comme une herbe sur un rocher
les os douloureux sous la peau
la peau emmitouflée sous un pull et une veste

Comme je me forçais d’aller à mes cours
un gamin des rues jouait sur le bord de la route
sans la moindre chemise correcte sur son dos maigre
mais avec un sourire parfait sur ses lèvres gercées

Il était là, un lotus
au milieu du froid, de la faim et de la soif.
Il y a de la beauté à défier la réalité
comme un lotus épanoui au milieu de la boue.

Inheritance

We don’t need our next neighbor to tell us who our mother is ; she speaks in the silence of our genes and we understand her in the redness of our cheeks and the warmness of our heart ; love and compassion.

Our friends shall never have our unique identity mistaken like a bird for a bat. Our forefathers have encoded our identity into the language of the memories that our beloved land holds, since the time immemorial.

A scientist can never read our genetic expressions without studying our Tsampa [1] first. Our texture lies in our taste.

Each grain of sands,
Each droplet of water,
And each blade of grasses
Have mothered us and nurtured us in spirit and in kindness.

We are the sons and daughters of the white clouds ; gliding from Machu [2] in Amdo to Drichu [3] in Kham and finally shed their showers over Kyichu [4] in U-stang.

Their love and labor had borne us and the wind that gushes out from the glaciers of Tibet, is our midwife.

We are gentle like the midnight whisper of a beloved and strong like the wings of a combating eagle.

We are the artistic creation of our own land ; our pride high like the hills of Himalaya, our hearts big like the valleys of Tibet and our blood runs in rhythm with our blue rivers. There is no end to our legacy and lineage.

We were born to love the least and guide the lost.
Liberation is a language intrinsic to our idea of the existence from which we leave *when the path of nirvana shines on the eastern horizon.

We are the Bodhisattvas who love butter tea.

*NdP : Here I try to bring the Tibetan idea of life and its purpose, ideally we believe that human beings can get liberated from the cycle of existence or samsara and like the earth gets brighter when the sun shines from the east, we also get freedom from the darkness of ignorance to which all sufferings are due when we achieve enlightenment. When the light of nirvana or enlightenment shines like the sun, then the darkness of ignorance vanishes away.

Héritage

Il n’est nul besoin que notre proche voisin nous dise qui est notre mère ; elle parle dans le silence de nos gênes et nous la comprenons dans la rougeur de nos joues et la chaleur de notre cœur ; amour et compassion.

A nos amis notre identité unique ne sera jamais chauve souris au lieu d’oiseau.

Nos ancêtres ont encodé notre identité dans le langage des souvenirs que de temps immémorial détient notre pays bien-aimé
Un savant ne saura jamais lire nos manifestations génétiques sans d’abord étudier notre Tsampa [5]. Notre texture se tient dans nos goûts.

Chaque grain de sable
chaque gouttelette d’eau
et chaque brin d’herbe
nous a maternés et nourris en esprit et en bonté.

Nous sommes les fils et les filles des nuages blancs qui glissent de Machu [6]
dans l’Amdo vers Drichu [7]
dans le Kham pour finalement verser leurs orages sur Kyichu [8] dans l’U-stang.

Leur amour et leur ardeur nous portent et le vent qui souffle en rafales des glaciers du Tibet est notre accoucheuse.

Nous sommes doux comme le murmure de l’aimée à minuit et forts comme les ailes d’un aigle au combat.

Nous sommes la création artistique de notre pays ; notre fierté est haute comme les collines de l’Himalaya, notre cœur grand comme les vallées du Tibet et notre sang court au rythme de nos fleuves bleus. Sans fin à notre héritage et lignage.

Nous sommes nés pour aimer les très bas et guider les égarés.

La libération est un langage intrinsèque à notre idée de l’existence *dont nous nous départons alors que le chemin du nirvana brille à l’horizon oriental.

Nous sommes les Bodhisattvas qui aimons notre thé au lait.

*NdP : Ici je m’efforce d’exprimer l’idée que les Tibétains se font de la vie et de sa finalité : dans l’idéal nous croyons que les êtres humains peuvent se libérer du cycle des existences ou samsara ; de même que la terre brille plus fort quand le soleil brille à l’est, nous nous libérons de l’obscurité de l’ignorance cause de toutes les souffrances en atteignant l’éveil. Quand la lumière du nirvana ou éveil brille comme le soleil l’obscurité de l’ignorance disparait.

Not why Losar

dimanche 19 février 2012, 19:55

We are Tibetans,
And we don’t forget our Losar
But forgo its colors
As darkness defines our existence.
 
Nothing conducive for this Losar.
For there are flames for freedom,
But fires against its expression.
And the tragedy of life in between.
 
Butchery bursts loose at our home.
And blood runs through our villages.
For bullets blight the beautiful lives.
When the culprits command the law.
 
May Tenzin be a Phosar,
And Dolma be a Mosar.
But no sweet for their Losar.
For even our butter tastes bitter.
 
No festivity but solidarity.
No laugh but lament.
No backward but forward.
All for the voice of our martyrs.
 
As our Losar heralds a new horizon.
Let us be united for one cause.
with our thought and action.
In the high spirit of Rangzen.
 
Rangzen is our birth right.
It must be in our life.
We will fight for it.
In our life and death.
 
FREE TIBET

Note : This poem is dedicated to all the Tibetans who sacrificed and ready to sacrifice their beautiful life for the Cause of RANGZEN, the ultimate destiny of all the Gangchenpas.

Losar*, oui, malgré tout

Nous sommes des Tibétains
et nous n’oublions pas notre Losar
mais nous renonçons à ses couleurs
en laissant l’obscurité définir notre existence.

Rien de favorable pour ce Losar.
Car il y a des flammes de la liberté
mais contrariées par des feux.
Entre les deux, la tragédie de la vie.

Les massacres sont déchainés chez nous
et le sang coule à travers nos villages.
Les balles balaient les belles vies.
Quand les coupables commandent la loi.

Jeune Tenzin,
jeune Dolma,
Pas de Losar joyeux pour vous.
Même notre beurre a un goût amer.

Pas de festivité mais solidarité.
Pas de plaisir mais des pleurs.
Pas de recul mais avancée.
Tout pour la voix de nos martyrs ;

Comme notre Losar annonce un nouvel horizon.
Soyons unis pour une seule cause,
Par la pensée et par l’action.
Dans le haut esprit de Rangzen.

Rangzen nous est due de naissance.
Elle doit être nôtre dans la vie.
Battons nous pour elle.
A la vie et à la mort.

Note : ce poème est dédié à tous les Tibétains qui ont sacrifié et sont prêts à sacrifier leur belle vie pour la Cause de Rangzen, ultime destinée de tous les Gangchenpas.***

Tibet Libre

*Losar : célébration joyeuse de la nouvelle année pour les Tibétains.
**Rangzen : Liberté
*** Gangchenpas : du Pays des Neiges

Bhaiya

I call him Bhaiya*, the big cock in the native field.

I really don’t know his age or name but his five kids mark the difference between us.

He is a father who lost his childhood to poverty and prejudices.

However, he never stops dreaming a forgiving future for his children even when his parched ceiling leaks nightmares and his naked floor cheats him with rats and ants.

Seldom has the rain water taken the wrong turn and throws his existence in the floods.

Bhaiya does not cry because he knows that there is not enough salt in his kind of tears.

He neither hates nor fears the small thieves and intruders
as long as they don’t come with the bulldozers of the development mafias.

Their progressive idea is a landmine buried under the bloods
and bones of humble men and women.

And the mines are filled with psychedelic rainbows ; democracy,
development and modernization.

Two generations of honest labor earned him nothing ; not even a decent shelter
or a fat bread.

He toils on tower after towers,
Whose doors slam shut on his back after the final touch.
And he fades into the forgotten mists
raising some dusts but not any eyebrows.

* Bhaiya means brother in Hindi

Bhaiya

Pour moi il est Bhaiya, notre coq de village.

Je ne connais ni son âge ni son nom, mais cinq gosses font la différence entre nous.

Il est un père qui a versé son enfance à la pauvreté et aux préjugés.

Pourtant il n’a cessé de rêver d’un avenir clément pour ses enfants même quand son plafond crevassé laisse filtrer des cauchemars et que son sol nu est envahi par des rats et des fourmis.

Parfois l’eau de pluie a pris le mauvais tournant pour le jeter dans les flots.
Bhaiya ne pleure pas parce qu’il sait qu’il n’y pas suffisamment de sel dans ses larmes.

Il ne hait ni ne craint les voleurs et les cambrioleurs tant qu’ils ne viennent pas avec les bulldozers des mafias du développement.

Leur idée de progrès est une mine ensevelie sous les os et le sang d’hommes et de femmes humbles et ces mines sont pleines d’arcs en ciels psychédéliques : démocratie, développement et modernisation.

Deux générations d’honnête labeur ne lui ont rien rapporté ; pas même un abri décent et le pain quotidien.

Il travaille sur une tour après l’autre
et leurs portes, le travail achevé, claquent l’une après l’autre sur son dos.

Et il se fond dans les brumes de l’oubli
soulevant de la poussière mais pas un sourcil.

* Bhaiya signifie frère en hindi.

Glide Like Butterflies

London basks in the beauty of Autumn hues.
Under a crystal blue sky, the golden leaves glide here and there
like butterflies on the hills of Tibet.
And in between a drizzle or two makes me homesick.

The seagulls sing the change of season here, and I miss the June melody of cuckoo birds when the spring starts to sail to the sea of summer.

As the evening descends down after a busy day,
People sniff after the homely aroma of Irish coffee
And calm themselves in the coffee houses.

As they sooth with a cup of their favorites, they talk about the memories of last summer
And the possibilities and expectations of the coming winter.
Life is either in summer or in winter and the rest are journeys.

I am too far to sing the songs of the land I miss and the people I love,
Yet I can play the notes of their memories with the strings of my nerves.
Memory is not what you remember, its what you cherish.

Glisser comme des papillons

Londres se prélasse dans la beauté des teintes de l’automne.
Sous un ciel bleu clair les feuilles dorées glissent ici et là
Comme des papillons sur les collines du Tibet.
Et entre une averse ou deux me donnent le mal du pays.

Les mouettes chantent le changement de saison ici, et il me manque la mélodie des coucous en juin où
le printemps se met à naviguer sur la mer de l’été.

Le soir descend après une journée affairée
et les gens aspirent à l’arome familier d’un Irish coffee
et se détendent dans les cafés.

Alors qu’ils s’apaisent avec leur tasse favorite ils évoquent les souvenirs de l’été dernier
Et les possibilités et les attentes du prochain hiver.
La vie, c‘est ou l’été ou l’hiver et le reste, des voyages.

Je suis trop loin pour chanter les chants de la terre qui me manque et les gens que j’aime,
pourtant je peux jouer les notes de leurs souvenirs sur les cordes de mes nerfs.
La mémoire n’est pas ce que l’on n’oublie pas, mais ce que l’on chérit.

P.-S.

Le logo est une photographie de Joel James Devlin.

Notes

[1Tsampa is powdered roasted barley and it is the staple food of Tibetans

[2Machu is name of river in Amdo, Tibet

[3Drichu is a river in Kham, Tibet

[4Kyichu is a river in U-tsang

[5La tsampa, qui est faite d’orge grillé broyé, est la nourriture de base des Tibétains.

[6Machu est le nom d’un fleuve dans l’Amdo.

[7Drichu est un fleuve du Khal.

[8Kyichu est un fleuve dans l’U-tsang.

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