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1er août 2010, par Roland Pradalier
Admettons que n’ayant rien à dire, j’écrive comme on a soif, par besoin autant que par envie, pour étancher une très ancienne incontinence, ma passion. Admettons et buvons cette littérature au robinet. Sous pression, froide et légèrement toxique.
Je n’ai pas dès le commencement été amateur de bière, je veux dire à 16 ans quand je me suis efforcé d’en boire et que son amertume me faisait grimacer ou faire (...)
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29 novembre 2004, par Roland Pradalier
Le chien est un mammifère quadrupède de la famille des canidés. Il est carnivore, mais il peut se nourrir de riz, de pâtes, de croquettes et de légumes. En Occident, on ne le mange pas, on le nourrit avec des boîtes contenant des abas et des chutes de viande impropres à la consommation des hommes. Domestiqué, il a pour habitude de courir dans l’appartement, et de dormir dans un panier, il jappe ou (...)
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6 décembre 2004, par Roland Pradalier
Je suis paresseux comme un paysage, comme une vue calme qui montre un pont, une rivière, des bâtiments anciens, et une bande de ciel peinte à la main. L’eau coule, les nuages passent, les saisons changent et le cadre est immobile. Si je commence cette narration par une image poétique, c’est qu’elle en contiendra peu et je baille déjà sous l’effort que m’a demandé cette trouvaille. Je compte sur votre (...)
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25 avril 2005, par Roland Pradalier
Le concert d’El Maximo Grandioso, célèbre artiste à lunettes roses surnommé par les télévisions le maestro, qualifié dans les journaux de flamand dodu ou d’étendard du kitch, que je nomme personnellement l’abomination de la désolation, eut lieu le quinze avril 2001 dans la grande salle du palais où s’étaient données quelques jours plus tôt des œuvres de Beethoven et de Domenico Scarlatti.
Il entra par une (...)
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23 mai 2005, par Roland Pradalier
Il était onze heures et s’annonçait entre les lattes des volets un lumineux samedi claironnant annonciateur de départs en week-end sur les rubans d’autoroutes, de radios allumées dans les cours d’immeuble et de rues vides, désertées. Mes yeux s’ouvrirent, ma main s’allongea dans l’air, puis mes pieds tâtèrent le sol vertigineux et branlant et j’atterris atterré sur ce sol toujours lunaire de la moquette (...)
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15 octobre 2007, par Roland Pradalier
X me montra la réponse de l’éditeur scientifique auquel il avait fait parvenir son manuscrit, elle était soigneusement dactylographiée, et il semblait qu’elle avait déjà servi :
Cher monsieur,
J’ai lu les premières pages de votre manuscrit dont je refuse la publication. Rappelez-vous quand vous serez en dépression, conséquemment à ce refus, que je suis à l’origine de cette maladie. Songez donc alors (...)
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21 décembre 2013, par Roland Pradalier
Raconter une histoire sur le web : comme autrefois les feuilletons, l’écrire jour après jour, semaine après semaine. Inventer des situations et des personnages au fur et à mesure. Ne pas avoir de plan détaillé, suivre un fil, improviser.
Raconter une histoire sur le web : se servir de son blog comme d’un outil permettant de réinjecter à l’écriture une part d’oralité perdue. Présence d’une (...)
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4 octobre 2011, par Roland Pradalier
L’éditeur à l’auteur :
Cher monsieur, Paris le 24/06/2007
Ayant pris connaissance du manuscrit que vous m’avez envoyé, et de la préface que vous lui avez adjoint, je me permets aujourd’hui de vous écrire pour vous demander la suite du texte, puisqu’il s’interrompt au troisième chapitre et que les 120 pages qui terminent le manuscrit ne contiennent que le mot « merde » répété ad libitum. J’ai beaucoup (...)
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19 avril 2007, par Roland Pradalier
J’ouvre les guillemets, place une parenthèse. Les présentations sont finies, le tour de chauffe achevé, tout va désormais s’écrire en lettres capitales. A l’aventure et en avant ! Vers notre chute verte choux. Entamons le déclin, commençons à parler. Commettons l’erreur d’être en vie.
X téléphona un samedi. Il m’invitait à une exposition d’art moderne dans un pays du nord, il avait acheté les billets.
Il (...)
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12 janvier 2006, par Roland Pradalier
Très chère amante,
Depuis notre séparation, j’ai appris que tu avais trouvé à te consoler, que deux semaines après nous être quittés, tu avais refait ta vie avec un autre homme. J’aurais aimé que tu attendes et que tu pleures davantage mais tu as préféré la consolation à la souffrance. Ce n’est que temporaire, la douleur te rattrapera, je l’espère. Ce n’est pas pour me venger que je t’écris aujourd’hui (...)