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23 novembre, par Yann Leblanc
Je retrouve Kyôto – en un éclair.
Les villes que nous habitons et les villes qui nous hantent communiquent à travers un réseau infini de directions et trajectoires, ponts, passages méconnus et tunnels obscurs. Certaines cités prolongent très loin en nous leur dédale de ruelles. Leur architecture s’immisce dans l’inconscient pour y croître en secret. Les espaces traversés, sans cesse (…)
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1er juillet 2021, par Yann Leblanc
L’APPEL I Il remarque pour la première fois qu’une branche de lierre a atteint la fenêtre de son bureau, en observe les jeunes feuilles que la lumière traverse délicatement. Sur la tige, des pucerons, des fourmis qui agitent consciencieusement leurs antennes, sondent la présence et l’absence, méticuleusement. Il y a aussi une chenille, à la fois menue et dodue, gorgée d’un vert (…)
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11 juillet, par Lionel Marchetti,
Yann Leblanc
En cheminant avec La Noire à soixante une composition de musique concrète de Pierre Henry par Lionel Marchetti
Le livre est édité aux Presses du réel (2025)
La Noire à soixante
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Préface du livre par Yann Leblanc (avec l’aimable autorisation des Presses du réel)
Au fond Lionel Marchetti écrit comme il compose. Son rapport aux sons se retrouve dans son rapport aux mots, (…)
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14 octobre 2024, par Yann Leblanc
Fragment d’un journal du dehors — 6/7 Hier j’ai emprunté une piste en voiture. Elle semblait se diriger au pied des montagnes qui attiraient mon regard depuis des jours. Je comptais bien y trouver des départs de randonnée, des sentes à explorer. La piste serpentait, cahotante, ravinée par endroits. Il devenait de plus en plus difficile de passer. Le volant vibrait entre mes mains fermement (…)
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7 mai 2024, par Yann Leblanc
Il s’éloignait de l’hôpital avec sa démarche lourde et lente, son instrument sur le dos. Il faisait déjà nuit, le vent soufflait, charriant indifféremment feuilles mortes, détritus et poussière. Derrière lui le bâtiment n’était plus qu’une grande masse sombre, éclairée çà et là de l’intérieur. Devant, avec les décorations de noël déjà installées, le boulevard n’était que scintillement, (…)
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23 février 2023, par Yann Leblanc
Fragment d’un journal du dehors — 2/7 J’ai découvert une sente que je ne connaissais pas. Elle s’élevait le long d’une falaise imposante, jusqu’à se transformer en vire étroite. Verticalité démesurée de chaque côté de mes pas. D’un côté plongeon abrupt, de l’autre soulèvement massif et compact. Le trop plein qui surplombe et le vide qui sape. Je progressais sur une cassure, une diagonale (…)
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30 août 2024, par Yann Leblanc
Fragment d’un journal du dehors — 5/7 J’ai pris un chemin de traverse, remonté un petit torrent sur le côté, loin du chemin balisé, et me suis retrouvé devant l’une des plus belles chutes d’eau qu’il m’ait été donné de voir. Une succession de cascades et de vasques remontant jusqu’au ciel. L’eau n’y tombe pas brusquement, elle s’écoule dans un murmure le long de la pierre, sans (…)
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3 juillet 2023, par Yann Leblanc
Ne me guéris jamais Un fim de David Yon ★ Tout bouge, tout passe, rien n’est acquis. Il ne subsistera de nous, tout au plus, que quelques traces en sursis. Un petit carton de souvenirs et de lettres qui aura survécu aux déménagements, aux séparations et aux voyages, quelques photos déjà jaunies... des films de famille aux images chevrotantes, restituant le présent d’instants (…)
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28 novembre 2024, par Yann Leblanc
Fragment d’un journal du dehors — 7/7 1er août
J’arrose un jardin qui n’est pas le mien. Amis partis en vacances. Ce jardin c’est une petite cour aux murs couverts de glycine, quelques arbres aux troncs fins mais qui montent haut, à hauteur des toits, des plantes aromatiques, des plantes grasses, un rosier... Je ne connais quasiment aucun nom, ne peux identifier les différentes (…)
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12 janvier 2022, par Yann Leblanc
SANS FIN Ce matin là, Jean-Philippe Fichet sortit de chez lui avec un léger retard sur son horaire habituel. Il s’élança dans la cage d’escalier de l’immeuble à vive allure. Les marches n’en finissaient plus de descendre, tourner, descendre, tourner tant et plus, si bien qu’il eut un instant comme un vertige. Y avait-il vraiment, d’ordinaire, autant d’étages et de marches ? Les paliers (…)