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23 décembre 2022, par Yann Leblanc
Fragment d’un journal du dehors La marche du jour m’a mené sur un sentier perdu, qui finit par se perdre lui-même au milieu des pierres et des taillis. Les collines s’étendaient à perte de vue, vertes et grises puis bleutées dans le lointain. J’escaladais avec délice les imposants rochers dans lesquels l’eau a creusé mille prises. Je contemplais leurs formes, mais sans rien imaginer. Sans chercher à (...)
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15 janvier, par Yann Leblanc
. . Hydratmos : le cor vaporeux d’Elena Kakaliagou ☐ Ce qui émerge du silence provient-il du dedans, ou du dehors ? Cette voix, est-elle absorbée ou expulsée par le souffle ? Inspirations ou expirations ? Les sons émis, distordus, semblent eux-mêmes triturer les plis et les replis du corps, comme si toute la tuyauterie intérieure était parcourue d’un étrange désir d’étendues et de (...)
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7 octobre 2022, par Judith Hamann,
Yann Leblanc
Libre d’être et de devenir
à l’écoute de Judith Hamann
☐ La première chose qui me vient c’est que ces sons étaient déjà là, inaudibles mais présents. La création sonore est alors dévoilement. Comme si… oui comme si Judith Hamann n’était pas venue ajouter des sonorités avec son violoncelle ou ses fredonnements, n’était pas venue accompagner, jouer sur ou avec… mais avait plutôt fait émerger des (...)
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11 juillet 2022, par Marc Namblard,
Yann Leblanc
Une écoute sélective, passionnée, obsessionnelle... Entretien avec Marc Namblard, audio-naturaliste Il est avec son frère aîné. Ils se tiennent côte à côte, corps légèrement penchés vers l’avant, oreilles attentives, à l’écoute d’enregistrements sonores familiaux. Un sourire se dessine parfois sur leur visage, en réaction à une parole prononcée, une exclamation, quelques mots échangés, des situations (...)
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28 octobre 2021, par Yann Leblanc
DÉNOUEMENT « Est-il joie plus délicieuse que de quitter le temps pour vivre au cœur de la pierre, en contact immédiat avec les forces du monde, et de parler avec son âme dans le silence du roc ? » François Augiéras
Le soir sera bientôt là. Quelques instants avant de céder la place à l’obscurité, la lumière déclinante se fait toujours plus vive, illuminant la roche, les feuilles des chênes kermesse et (...)
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20 mars 2022, par Yann Leblanc
La peur ne l’emporte pas
Je me suis assis tout au bord du promontoire rocheux, pieds dans le vide. Le soleil réchauffe mon visage. L’air semble si pur que chaque inspiration produit dans le corps l’effet d’une gorgée d’eau fraîche, désaltérante. En face le défilé s’évase et le regard voit loin et clair. La pensée s’est enfin arrêtée, elle n’interfère plus avec la conscience du monde tel qu’il se (...)
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3 septembre 2021, par Yann Leblanc
SOUSTRACTIONS Elles étaient posées là, bien alignées et en parfait état. La lueur des réverbères les faisait même reluire. Là, en plein milieu du trottoir. Une paire de chaussures mais pas de pieds à l’intérieur, pas de jambes, pas de corps les surmontant. Pourtant les passants s’écartaient scrupuleusement au lieu de les enjamber, comme s’il y avait eu là, malgré tout, une présence. C’était sur le (...)
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12 janvier 2022, par Yann Leblanc
SANS FIN Ce matin là, Jean-Philippe Fichet sortit de chez lui avec un léger retard sur son horaire habituel. Il s’élança dans la cage d’escalier de l’immeuble à vive allure. Les marches n’en finissaient plus de descendre, tourner, descendre, tourner tant et plus, si bien qu’il eut un instant comme un vertige. Y avait-il vraiment, d’ordinaire, autant d’étages et de marches ? Les paliers allaient-ils (...)
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1er juillet 2021, par Yann Leblanc
L’APPEL I Il remarque pour la première fois qu’une branche de lierre a atteint la fenêtre de son bureau, en observe les jeunes feuilles que la lumière traverse délicatement. Sur la tige, des pucerons, des fourmis qui agitent consciencieusement leurs antennes, sondent la présence et l’absence, méticuleusement. Il y a aussi une chenille, à la fois menue et dodue, gorgée d’un vert éclatant, (...)
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1er mai 2022, par Yann Leblanc
BUÉE Je tourne la clef de contact, le moteur démarre. Je sors de ma place et commence à rouler, machinalement, en direction du travail. Après une cinquantaine de mètres, une buée se forme sur le pare-brise. Comme un mal qui prolifère à toute allure, elle en recouvre la surface. Les contours du dehors s’estompent. Voitures, immeubles, passants se désagrègent. Je tourne à fond le bouton de (...)