La Revue des Ressources
Accueil > Dossiers > Feuillets africains > Tati Loutard — Une poésie ancrée dans le terroir et l’Histoire

Tati Loutard — Une poésie ancrée dans le terroir et l’Histoire 

mardi 7 août 2018, par Yves Mbama-Ngankoua

A Jérémie.

La poésie congolaise - celle de Tchicaya U Tamsi ou celle de Tati Loutard - est dominée par l’ancrage dans le terroir de Pointe-Noire et par l’évocation de l’histoire notamment la rencontre du continent africain avec l’Europe à travers la traite négrière et la colonisation. Dans « Le Dialogue des Plateaux  » (1982), « L’Envers du soleil  » (1989), « Les Normes du temps  » (1989) et « L’Ordre des phénomènes  » (1996), l’association de plusieurs images obsédantes font du Congo le thème central d’un chant entonné par Jean-Baptiste Tati Loutard. La mer-espace des jeux pour « l’enfant de Pointe-Noire », le fleuve Congo qui donne son nom au pays, la traite atlantique ainsi que les guerres d’indépendance avec leurs tragédies font des recueils choisis une anthologie du Congo Brazzaville et une page de l’histoire de ce qu’on a appelé le Tiers monde.

I) Tati Loutard. Un intellectuel bien ancré dans son terroir.

Né à Pointe-Noire, au Congo Brazzaville, Jean-Baptiste Tati Loutard a étudié la littérature à l’université de Bordeaux. De retour au Congo, il a occupé plusieurs fonctions ministérielles tout en enseignant les littératures africaine et congolaise à la faculté des lettres de l’université Marien Ngouabi. Il a publié des poèmes, des romans ainsi que des anthologies de la littérature congolaise. Sur le plan de l’écriture, celle-ci est dominée par le lyrisme tel qu’il est défini par Jean Michel Maulpoix (2000) comme une ’célébration’ [1] et comme « renchérissement de la parole sur elle-même, qui est aussi le redoublement des choses dans leurs reflets, leurs métaphores ou la répétition de l’être en soi-même » [2]. « Le poète lyrique, poursuit le poéticien, questionne, célèbre et déplore » [3]. Tati Loutard célèbre le Congo, questionne quelquefois et déplore ceux qui nous ont quittés brutalement.

a) De Pointe-Noire à Brazzaville.

A l’instar de Tchicaya U Tamsi dont l’œuvre est un chant sur le Congo et l’humanité écrasée par les injustices, celle de Jean Baptiste Tati Loutard, tout en plongeant ses racines dans le sol sablonneux de Ndjindji (Pointe-Noire), parle aussi de l’histoire du monde.

a) La mer. Aire de jeux comme dans les textes de Tchicaya U Tamsi, dans le poème « Tu rentres du passé » du recueil Les Normes du Temps, Tati-Loutard se souvient de son enfance jouant avec les vagues :

« Je me souviens d’un soleil

…………………………………………………

Qui tombait sur les corps

D’une jeunesse qui s’oubliait

Parmi les jaillissements de l’eau

L’écume prenait mes trousses

Une démarche féline » [4].

La mer offre un spectacle visuel. L’enfant dont le corps est brûlé par les dards du soleil, trouve utile d’aller à la plage quêter une fraîcheur salvatrice. Les deux derniers vers décrivent le jeu entre les enfants et les vagues dont la vitesse est comparée à celle des félins. La section III deLesNorme du Tempsest bâtie autour du topos de la mer. Le texte inaugural de cette partie, « Les yeux de la mer » insiste sur le souvenir vivace de la mer avec ses roulis, ses oiseaux marins qui vont et viennent [5]. « Supplique » est une évocation de la mer en furie qui hante les nuits des riverains :

« Toutes les nuits elle parle haut

Comme les vents d’orage

Jusqu’à l’heure où le jour

Eclate en variole de soleil » [6]. La personnification a ici toute son importance. La mer est assimilée à un personnage qui effraie les petits enfants ; même le soleil est maléfique d’autant plus qu’il est assimilé à la variole dont on sait l’action néfaste sur la peau.

Les espaces marin et fluvial sont associés à la principale activité traditionnelle des riverains, la pêche. L’océan atlantique renvoie au poète avec qui ils ont partagé les jeux. « Encore la mer », « Moi et la Mer » et « L’Âge des marées » condensent tout ce que représente la mer pour Tati Loutard : mémoire qui renvoie à l’enfance, à l’amour, au deuil, à l’histoire et aux libations :

— le deuil est le thème qui revient souvent avec force dans les textes du poète congolais. Le deuil l’habite nourrisson avec la mort de son père (on y reviendra plus loin), c’est celle du pêcheur dont « la pirogue revient seule au trot des vagues vers son écurie de sable » [7]. La pirogue en épousant le roulis des vagues est assimilée à un cheval qui marche en trottant. Dans « Noces océanes » ayant pour sous-titre ’ Hommage au pêcheur ’, il est question de la mer en furie que le pêcheur doit affronter pour pouvoir exercer sa profession. La mer démontée est pour le poète un message envoyé par les « plongeurs de l’antique Wharf //A la quête de plus dignes tombeaux ».

Mêmes les oiseaux marins et les poissons n’y sont plus en sécurité à cause de la salaison des eaux de la mer. Les premiers sont aveuglés, les seconds :

« surpris par la marée

Sautent à cloche-nageoire, ivres de sel

Cherchant par-delà le hic de sable leur bercail d’eau douce » [8].

Parlant toujours de la mer, le poète montre ’les Travailleurs de la mer’ inquiets par l’immensité et la furie de l’océan. Dans le poème intitulé (?), on lit :

’Le jour fut bref, déjà l’espace s’en ressent (...)

Sur la mer où l’on entend plus que l’eau régner sur le silence

......................................................................

La vague aboie et s’élève contre le ciel

Et, de ce blasphème, le pêcheur se sent inquiet’ [9].

Les verbes ’régner’, ’aboie’ et ’s’élève’ dénotent la dangerosité de la mer, ce qui justifie l’inquiétude du pêcheur annoncée par le mot ’blasphème’ à comprendre dans son sens premier de ’blâme’. La mer, est pour Tati Loutard un personnage mythologique effrayant. Dans ’Les yeux de la mer’, la mer est à la fois nourricière et meurtrière. Le titre du texte est une personnification. Les ’yeux de la mer’ sont les yeux du cerbère qui épient l’imprudent qui ose affronter la mer.

b) En dehors de l’océan atlantique, il y a les fleuves, les paysages qui donnent aux poèmes la couleur locale. Les poètes ont de tout temps chanté les fleuves : la Seine par Apollinaire, le Sénégal et le Congo par Senghor... Chez Tati Loutard, le fleuve Congo renvoie à l’amour. C’est au bord du fleuve Congo, en face de l’île Mbamou, que le poète se souvient d’une fille de New-York à qui il adresse une lettre dans laquelle il chante la nature rassurante bien que sauvage des bords du fleuve Congo. A l’instar du poème ’New-York’ de Senghor, qui dénonce l’artificialité de la capitale des Etats-Unis qu’il trouve peu sûre :

’Je te plains toi là bas, dans le désert et le béton

Avec les plus beaux rêves des hommes

Dans les havresacs des bandits’ [10].

Dans un autre texte, il parle du fleuve Congo en des termes ’réalistes’ :

’C’est un monstre de fleuve muni de soies vertes

Debout sur son corps tout au long de son corps

Et de cascades d’où perpétuellement

Il se verse à lui-même un vin mousseux’ [11].

Les ’soies vertes’ ce sont des jacinthes et les nénuphars que charrient les eaux boueuses et tumultueuses du fleuve Congo, les cascades ce sont celles que l’on voit au sud de Brazzaville à l’embouchure du Djoué. Le ’vin mousseux’ renvoie aux écumes nées des cascades évoquées ci-haut. Tati Loutard est habité par le fleuve Congo, dans « Le Dialogue des Plateaux »,- recueil qui consacre les « noces du poète avec le pays » selon les mots du critique Boniface Mongo Mboussa - il est associé à la région des Plateaux, coincée entre Brazzaville et les deux Cuvette - allégorie de la femme aimée :

« Je t’aime comme le Fleuve Congo qui passe

Chaque jour le même sans plus être le même

Et qui donne la lumière liquide qui affleure dans tes yeux » [12].

La majuscule au nom commun « fleuve » montre sa place dans le cœur du poète. Voyageant à bord d’un bateau qui navigue sur le fleuve Congo, le poète immortalise cet instant. Le fleuve devient l’allégorie de la femme aimée dont les yeux sont éblouis par la réverbération du soleil sur l’eau. Notons la découverte de la beauté de l’être chéri qui embellit tous les jours et donne envie d’être regardé et embrassé. L’amour du pays et l’amour charnel se confondent dans cet élan poétique. Dans un autre texte, le lecteur lit la nostalgie du poète qui se rappelle de son pays qu’il a quitté :

« Ce fleuve longeant les sentes de l’esprit en exil

……………………………………………………………..

Je laisse le fleuve aller son train de grande cour

Je le retrouverai au bout de l’absence » [13]

Le poète qui aime à flâner aux cataractes évoque l’autre fleuve de Brazzaville, le Djoué, un affluent du Congo. Bénéficiant d’une bourse pour aller poursuivre ses études supérieures à Brazzaville, l’étudiant d’alors devenu homme des lettres se souvient de sa rencontre avec ce fleuve qui longe la voie ferrée Congo-Océan qui relie Brazzaville à Pointe-Noire :

« J’ai rencontré le Djoué dans les années cinquante

Je passais à la vitesse d’un ramier

Nous avons marché côte à côte

Lui dans le chemin creux entre les racines des arbres

………………………………………………..

Moi dans la voie de pierre et de fer » [14].

L’adulte qui aime à se promener le long du fleuve, traverse le Djoué pour aller s’asseoir sur les rochers pour dialoguer avec lui-même tout en admirant les tailleurs de pierres qui ravitaillent les chantiers de la ville et le Pool Malembo :

« Plus tard sous un pont j’ai retrouvé le Djoué

Tout haletant de secousses électriques

Il faisait vers le confluent

Un bruit de tailleur de pierres » [15].

« Les secousses électriques » dont il est question, serait-ce une allusion au barrage hydroélectrique construit dans les années soixante pour ravitailler la ville capitale en eau et électricité ? Serait-il les trépidations du pont lors des passages des véhicules ? Dans un autre texte, la rencontre a lieu le jour de l’An, jour où tout est arrêté parce que la population est tout occupée par les réjouissances. Le poète est le seul homme qui se hasarde à être dehors. Le Djoué s’accouple avec le poète et de cette union naîtra un Congo nouveau :

« Le Djoué passait sous l’ouvrage

De l’oeil je m’accouplais

Avec l’onde enragée

Dans une fièvre de torrent

Et nous enfantions pierre sur pierre

Pour construire un pays nouveau » [16].

Pour dire son attachement à la ville de Brazzaville et au-delà à son pays, le poète ne fait aucune économie. Même la Mfoa, l’une des rivières qui traverse Brazzaville infestée d’anophèles et leurs larves, qui charrie toutes les immondices possibles est convoquée :

« J’ai fréquenté jadis le pont de la Mfoa

La rivière ensemencée de nénuphars

D’autres plantes non classifiées

Et qui va au Fleuve... » [17].

Le mot ’Fleuve’ est le nom par lequel les habitants de Brazzaville désignent le fleuve Congo. Le Djoué et la Mfoa renvoient à la rencontre avec la ville capitale dans les années cinquante mais aussi aux lieux où le poète se retrouve avec lui-même, lieux où il puise son inspiration. Le lecteur suit le poète arpentant les rues des Plateaux. Poto-Poto, mitoyen du centre-ville, est associé, dans l’œuvre de Tati Loutard, à la fronde sociale et à la misère qui étranglait ’les plus déshérités des hommes’ :

’Je vois depuis le bas-fonds de Poto-Poto

Des lèvres qui sèchent dans l’attente d’autres révolutions’ [18]

Parler d’un quartier populaire, c’est évoquer la vie sociale. Ici, c’est la prostitution qui est dénoncée : ’des femmes démunies qui vendent au coin des rues le reste de vertu’ [19]

Parler du terroir c’est évoquer les saisons qui divisent l’année en cycles. Au Congo, il y a deux saisons bien distinctes et de longueur inégale ; là où en Europe par exemple on en dénombre quatre : la saison sèche et la saison des pluies. Certains titres des poèmes renvoient à la saison tel que ’Feu de marée’ dans le recueil L’Ordredes phénomènes :

’Maudit soit le soleil d’octobre qui déverse

Sur nous sa touque d’huile brûlante

Boule cerclée de fer-blanc

Qui roule entre nuit et nuit

Roue de torture damnation par le feu’ [20].

Le mois d’octobre est, avec ceux de septembre et avril les plus torrides au Congo Brazzaville. L’expression ’touque d’huile brûlante’ appuyée par ’boule cerclée de fer-blanc’ que prolonge ’torture damnation par le feu’ introduites par le verbe ’déverse’ fait du mois d’octobre un mois tant redouté par les Congolais. Cette chaleur torride est assimilée à une ’torture’ insupportable qui fait des Congolais les suppliciés dont parlent les Ecritures comme le montre la fin du vers avec l’évocation de l’enfer contenue dans l’expression ’damnation par le feu’. En octobre, le Congolais est damné comme l’est celui qui a péché. Il doit supporter les dards de l’astre solaire comme une sorte de malédiction de Dieu. De l’astre solaire, il est question dans le recueilLe Dialogue des Plateaux. Le poème inaugural qui donne son titre au recueil,Les Plateaux, espace géographique, est associé à l’astre solaire :

’Je rends visite à ma passion nouvelle

Les Plateaux dépouillés de musiques et de pierres

Avec leurs velléités arbustives’.

Plus loin, on lit :

’Puis le soleil étale le jour sur l’herbe

Les Plateaux c’est la vastitude innocente

Aucune branche ne supporte le poids d’un suicide’ [21].

Etendue sans arbres, Les Plateaux sont une savane sablonneuse. C’est un espace silencieux car les oiseaux et les insectes qui chantent l’ont déserté. Les Plateaux sont aussi une zone de transit entre les parties australe et septentrionale du Congo. ’Sur le fleuve Congo’, le poète se souvient du voyage fait à bord d’un bateau traversant Les Plateaux à ’l’appel profond des régions du Nord’ [22]. Les paysages multiformes présents dans ces textes rappellent au poète des souvenirs. Le paysage marin renvoie à l’émerveillement de l’enfance. C’est l’aire des jeux. A l’instar de son ’aîné’ Tchicaya U Tamsi, l’autre poète originaire de Pointe-Noire, Tati Loutard, ’l’enfant de Ngoyo’, peut s’extasier : ’La mer à bout de bras quel délire !’ [23]. La mer est l’un de ses partenaires de jeu (’Tu rentres du passé’). Cependant, la mer fait ressurgir des souvenirs douloureux dont la trace reste gravée dans la mémoire et devient une ’image obsédante’. La mort d’un être cher, la rencontre brutale avec l’Autre qui a fini par déboucher par les traites arabo-musulmane et atlantique, la colonisation avec son lot d’exactions. Enfin la mer est le lieu où les ’travailleurs de la mer’ : les pêcheurs vont chercher leur gagne-pain.

II) La mort ou la tentation de l’Histoire et les préoccupations sociales

De tout temps, la poésie a toujours été un cri de vie et de douleur, une parole amère. La poésie dit l’inacceptable : les guerres, la négation de l’humanité. Aussi, les poètes de la Négritude ou ceux qui, comme Tchicaya U Tamsi, ont fait de leurs textes des chants de révolte qui dénoncent la négation de l’homme et de la culture noirs. Certains textes du corpus parlent de la mort des proches ou des amis. Ce sont également des pages de l’histoire du Congo d’abord, de l’Afrique ensuite et du reste du monde enfin.

’Les Normes du temps’ est l’un des recueils de Tati Loutard où la mort revient d’un texte à un autre. On aurait dû dire que la mort a durement marqué la vie du poète : celle de son père, celles des amis politiques, des poètes et des anonymes... Orphelin de père à six mois, il ne connaît de son père qu’une pierre tombale [24] :

’Tu m’as laissé corps de moineau

Pendu à la mamelle du Soleil’ [25].

Cette perte rend le poète inconsolable :

’Tu navigues sur un fond de larmes’ [26].

Dans la société congolaise traditionnelle, la perte du père est ’compensée’ par la présence de l’oncle ou de la mère. Cette dernière remplit les deux rôles : elle nourrit et éduque les enfants. Le poème sous-titré ’Appel à ma mère’ est un hommage rendu à la mère. Celle-ci occupe une place importante dans le cœur de l’enfant devenu écrivain. Inauguré par ’L’Ombre paternelle’, le thème de la mort revient de façon obsédante dans la plume de l’auteur des ’Racines congolaises’. La mort est assimilée à un départ. ’A un ami parti’ dit la douleur du poète face au vide sidérant provoqué par ce départ prématuré :

’A présent je suis dans la peine jusqu’au cou

Ta mort me revient depuis la brume d’un songe

Aucune clarté ne peut encore l’éclairer

......................................................................

Je pense je pense et la pensée se dérobe’ [27].

Comme toute mort, il est difficile pour ceux qui vivent la douleur de la comprendre encore moins de l’éclairer. L’emploi du verbe ’se dérober’ traduit toute l’impuissance du poète. Le texte ’L’Âge et les pleurs’ évoque une fois de plus les ’miens’ qui ’ sont de retour à la terre’ (104).’ A un chanteur mort’ est dédié au musicien engagé Franklin Boukaka, assassiné à l’âge de 32 ans et jeté dans une fosse commune, le 22 février 1972 :

’ Tu voulais de mes poèmes faire des chansons

Pour les ondes au départ de leurs voyages

A travers les continents’ [28].

Ce poème inaugure le souvenir de la mort politique. Une partie du recueil ’Le Dialogue des Plateaux’ est exclusivement consacrée à Marien Ngouabi, président de la République Populaire du Congo qui fut assassiné par ses frères d’armes le 18 mars 1977 au palais présidentiel en pleine journée. Son ancien ministre se souvient de lui. Le poème ’Quand le pays est sale’ reprend les paroles du dernier discours prononcé par Marien Ngouabi, onze jours avant son assassinat devant l’Union Révolutionnaire des Femmes du Congo :

’ Les rues abusent les aéronefs

Le ciel soulève des rumeurs

Comme la cuvette trouble d’un devin’ [29].

Les aéronefs dont il est question sont-ce des avions qui ont survolé la capitale du Congo ? Quant aux rumeurs, celles qui ont précédé la mort de Marien Ngouabi et se sont amplifiées le jour de sa mort ? Celles qui ont entouré le mobile de son meurtre ? Celles relatives à l’identité de ses meurtriers ? Cette mort a des allures sacrificielles, allégorie de la mort du Christ ou à celle de Lumumba qui se sont sacrifiés pour le salut des hommes. Victime émissaire, Marien Ngouabi a voulu sauver la révolution congolaise menacée par la contre-révolution. Le prix à payer imposé par les responsabilités d’un chef révolutionnaire, celle d’un chef d’Etat est le « sacrifice suprême » :

« Quand ton pays est sale

Lave-le avec ton sang » [30]
La crise n’implique pas que le chef révolutionnaire mais rongé par les contradictions au sein du parti mais elle concerne tout le pays. Notons dans les paroles de Marien Ngouabi,la vision apocalyptique de l’Histoire contenue dans la notion de mort sacrificielle qui est un écho de la tragédie antique.

Une autre mort qui a affligé le poète est celle du poète Diob Kegni. Le professeur des lettres à l’université Marien Ngouabi de Brazzaville, le maître se souvient, l’œil rougit par les larmes, du départ prématuré de ce jeune poète talentueux, l’espoir de la poésie congolaise. Le poème « La Nouvelle » est un chant gravé dans du marbre en mémoire de ce jeune poète et ami de l’auteur des Racines congolaises. La nouvelle de sa disparition précoce le bouleverse au point où « le sol se dérobe que je me crois au large d’un domaine océanique » [31]. Il ne reste du défunt qu’un souvenir d’une visite faite à son professeur :

« ………………………………………………………………..

Ton sourire ouvre encore la porte

Je regarde la vitre brisée par le sort

La nuit descend sur ma peine comme une robe longue » [32].

La mort de Diob Kegni est assimilée à « la vitre brisée par le sort ». La vie est aussi fragile comme une vitre. Le chant entonné à cette occasion est « sans haute mélodie  [33]. Ce souvenir obsède Tati Loutard au point de devenir un songe. Dans « L’Embrasure » quand le soir :

« Nous cheminons par la nuit triomphante

Et le sommeil se love dans la mort » [34].

Moment de méditation, la nuit est aussi privilégiée où les deux mondes, celui des morts et celui des vivants communient et fusionnent. « Le Sommeil » qui « se love dans la mort » fait du sommeil une sorte de mort. C’est le calme et la gravité de la nuit qui permettent à l’aîné de graver le souvenir et de méditer sur sa propre finitude :

« Tu reprends vie parmi les vibrations qui réveillent la cendre des soleils consumés  [35] ». Parfois le souvenir revient sous la forme d’une anecdote où un dialogue entre le mort et le vivant est instauré :

« Diob te rappelles-tu la fenêtre qui ferme malédiction

Dans la maison qui rêve par les vitres

Tu venais rire dans l’embrasure » [36].

Tati Loutard se souvient aussi d’un échange qu’ils ont eu à coup sûr sur la poésie comme le prouvent ces paroles attribuées à Diob :

« Je m’enferme dans tes paroles vivantes

Pour dompter le sort jaloux

J’aiguiserai mon glaive naïf et puéril

A qui puis-je m’ouvrir à présent » [37]

Le souvenir de Diob habite voire hante Tati Loutard à tel point qu’il revient d’un texte à un autre. Dans « Manège », on lit :

« Je me rappelle un torrent de montagne loin d’Afrique

Et je pense à ta vie qui a dévalé

Le raidillon dans un souffle de bolide » [38].

Les mots et expressions « torrent de montagne », « dévalé », « le raidillon dans un souffle de bolide » traduisent le talent de Diob qui est stoppé par sa mort prématurée « ta vie qui a dévalé ». Dans un autre poème, la mort du jeune poète est annoncée par un euphémisme :

« Tu es parti par un autre chemin

Le train du poème dort à la station des promesses

Il reste dans mes yeux le souvenir d’une tête

Plus crépue que le cactus à la bonne saison des épines

Je revois cette dernière journée toute fraîche de ton départ » [39].

Cet extrait est encadré par le verbe « partir » synonyme de « mourir ». Le verbe « partir » est intimiste, personnel et sentimental. Il est moins fort, moins stressant que l’est le verbe « mourir », abstrait, plus général et ontologique. Les textes sur la mort du poète sont ceux d’un coeur meurtri par de nombreuses morts de proches et amis. Toutes les morts n’ont pas la même charge émotionnelle. Inconsolable à propos de la mort du père et du jeune poète et ami, Tati Loutard trouve consolation dans le travail d’écriture qui défie le temps et la mort :

« Les poètes meurent tôt ou s’en vont sur le tard

Enfermés dans la collection d’alphabétiques objets

Ils dévoilent dans la mort les cordes lumineuses de leur voix » [40].

La mort physique qui menace l’artiste ne l’effraie guère car son œil ardent d’artiste paraîtra sur les couvertures des livres . [41].

Le poète est immortel, il vit à travers son œuvre tandis que l’être mortel a un corps aussi fragile que « les vases d’argile » au moindre coup, il se brise. Dans la vanité qui le caractérise, l’homme a toujours

« cru être bâti de briques rouges

Comme le vieux temple qui adore le feu » [42].

De même,

« Dans le minaret j’ai aperçu un corps travaillé par la ruine

Prêt à s’ébouler dans une chute fatale » [43].

« Le temps nous est compté »quand l’heure sonne, on prend la route,« par cette voie crevassée de la mort » [44].

A côté de l’évocation de la mort des intimes, et celle des politiques, il y a la mort des anonymes. « Masque de mort » parle de la mort d’une femme. « Le masque de mort » se caractérise par le calme qui habite le visage de la défunte. La mort est comparée à une faucheuse, à une « brute fauve » voire à « un amant de rencontre », dont le filtre est vénéneux. Cette idée de « la faucheuse » est un souvenir culturel. En effet, la mort est désignée par les poètes et artistes du XVIIème siècle comme une faucheuse. Dans « Départ », il y est question d’une voisine qui a été fauchée :

« Ah ce grand trou dans la maison voisine

Pleine de cris et de cierges qui cernent

Un corps de femme pierre précieuse » [45].

Le même sujet est évoqué dans « Femme morte » :

« Maintenant, Fontaine éteinte au bord de la route

Tu n’enchanteras plus et le voyageur pleure ton eau lustrale » [46].

La femme est associée au feu, au soleil et à l’eau. L’eau renvoie au lait nourricier et à l’amour. L’eau étanche la soif comme la femme aimée console l’amant malheureux et satisfait ses désirs. Selon Arlette Chemain, l’astre solaire renvoie à la beauté, au sourire. Ici, le poète montre un homme qui s’est donné la mort par pendaison. Il se balance au bout de sa corde rappelant les pendus du poème de François Villon, "Le Bal des pendus" :

« Mon voyage au soleil s’achève ici

…………………………………………………………

La branche et la corde me précèdent dans le vent, les bras ballants

Je me retire mes pieds de ce monde’ [47].
Enfin dans « Le Mort de Mongo-Pokou’, le poète raconte l’histoire macabre d’un corps qui, à cause de l’érosion provoquée par la violence des pluies tropicales,

« apparaît… tout en os

Par le crâne, il émerge d’une nuit épaisse » [48].

Evoquer la mort, c’est recourir au registre pathétique.

Au topos de la mort, il faut ajouter celui de l’Histoire en mouvement faite des grèves durement réprimées, des révoltes des peuples contre l’occupant européen, des guerres civiles, des guerres idéologiques. Dans les recueils que nous avons choisis défilent toutes les tragédies qui ont frappé le monde moderne.

a) Le Congo.

Le poème « L’Hécatombe » dit de manière poignante la guerre civile qui a endeuillé le Congo Brazzaville à la veille de son indépendance. Deux leaders politiques Youlou et Opangault qui se disputent le leadership sur le pays entraînent leurs partisans dans des affrontements sanglants circonscrits à la seule ville de Brazzaville. Ces tristes événements ont scellé le sort du Congo et minent à jamais la vie politique congolaise. Ils ont jeté la suspicion sur le vivre-ensemble entre les différentes populations du Congo Brazzaville.

« L’Hécatombe’ revient sur la monture du souvenir :

’C’est un coup de soleil suivi de coups de feu

Toute la ville est un manège qui se détraque

Au bout du quatrième jour le calme est comme à l’arrière petit matin » [49].
Rien n’est épargné. La violence des affrontements est traduite par « un ruisseau de sang », par les maisons qui brûlent, les bêtes mortes et les orphelins qui errent hagards dans la ville comme cet ’enfant’ qui

« tient dans ses bras

Le rêve immortel de sa mère » [50].

L’histoire en marche ce sont des moments clés de l’Histoire du Congo. Le poème « La Révolte gronde » évoque la révolte des sans-espoirs écrasés par la misère la ’race oubliée dans les décombres du siècle surgit des masures où la misère traîne’ [51]crie sa colère et finit par prendre d’assaut les rues de la ville pour revendiquer son humanité méprisée. Cette ’foule (qui) hisse au bout des lèvres des cris aigus comme des couteaux de jet’ [52]. La ’foule hisse... les cris’ comme on hisserait un fanion, un drapeau. Les ’cris’ sont les armes blanches comme ’des couteaux de jet’. Ces ’cris’ sont des slogans qui traduisent la détermination de la foule. La ’peur gagne’ toute la ville autant que cette foule est composée des hommes préhistoriques - les Cavernicoles qui battent le pavé c’est-à-dire des gueux. ’La Révolte monte la Révolte gronde’ [53]. La foule en colère est assimilée aux premiers hommes. Comme eux, la foule est violente, déterminée, comme eux la foule est incontrôlable. S’agit-il de la foule qui crie les 13, 14 et 15 août 1963 et obtint la démission du premier gouvernement du Congo indépendant ? Notons la mise en valeur de la révolte par l’usage de la majuscule. Cette ’marche des Cavernicoles’ vient consacrer la liberté :

’Ah désormais la liberté nous couvre des pieds à la tête’ [54].

Le mot ’liberté’ est celui que scandaient des manifestants contre le gouvernement du président Fulbert Youlou. C’est le mot qui revenait dans les chansons ’révolutionnaires’ de l’époque. Toujours dans ce recueil, l’histoire en mouvement, c’est l’évocation des affrontements entre l’armée congolaise et les éléments de la milice du pouvoir : la Jeunesse du Mouvement National de la Révolution (JMNR) la nuit du 30 au 31 août 1968 dans le quartier populaire de Brazzaville-Makélékélé- à l’origine de la démission de Massamba Debat, le deuxième président du Congo :

’ On entend des chiens et des fusils monter dans le ciel à l’assaut des ténèbres’ [55].

Les chiens, surpris par des détonations, joignent leurs aboiements aux détonations des canons. Plusieurs jeunes miliciens furent tués :

’Demain hélas ! beaucoup des paupières seront fermées sur le jour’ [56].

Devant ces drames, il y a l’amour, baume, qui adoucit les brûlures de la vie. Il y a aussi l’art et la mer qui défient la mort et le temps. L’art devient l’antidote à la mort qui fait du poète un homme de tous les temps, un immortel, un intemporel bref un homme qui fraie les ’chemins à suivre pour mille ans’ [57].

Le Congo ce sont ces hommes et ces femmes qui triment pour survivre. De nombreux poèmes de Tati Loutard réservent une place importante au travail. Le poète qui a longuement observé la société de son pays, passe en revue les différentes figures des travailleurs dont les plus représentatives restent les femmes. En effet, elles sont au coeur de l’économie de la famille et donc du pays. La femme congolaise est intimement associée aux travaux champêtres :

« Tu connais la terre par ses racines » [58].

« La femme des champs », est prolongée en écho par « une femme de ménage » qui est :

« Au coeur des luttes quotidiennes une femme

Vaque aux travaux domestiques

Près du feu qui bat des cils dans le crépitement des charbons » [59].

La fumée qui agresse les yeux est ici exprimée par la périphrase « bat les cils ». Dans« Les feux de la planète  », il y est question du docker dont le travail est comparé à celui de Zébu [60]. Plus loin, c’est autour du paysan d’être célébré [61]lui qui brave les intempéries « la houe » à l’épaule va aux champs d’un pas ferme. « Le travail qui fait vivre est la besogne » peut-on lire dans « Vie poétique » [62]

Cependant L’Envers du Soleil reste le recueil où l’on ressent l’amertume du poète d’autant plus qu’il évoque tour à tour la mort, le courage puis l’inquiétude du pêcheur, lui qui doit affronter tous les jours la mer traîtresse. Cette amertume est celle de l’homme politique incapable de proposer de solution idoine au chômeur. Le titre du recueil est très évocateur L’Envers du soleil. Il reprend en écho le titre du roman de Kourouma Les Soleilsdesindépendances qui n’a jamais ni réchauffé ni éclairé les peuples africains. Les deux titres traduisent l’échec des indépendances africaines attendues avec ferveur et chantées dans toutes les capitales de Dakar à Léopoldville (Kinshasa) en passant par Abidjan et Brazzaville.On suit des hordes de chômeurs désabusés qui occupent les rues la nuit :

« Ceux qui la suivent titubent de fatigue

Et leurs noms manquent au registre du travail !

Ils ont planté sans répit leurs jambes

…………………………………………………………………..

Et n’ont récolté que le bruit de leurs passages

Maintenant ils préfèrent suivre les arbres » [63].

Le poème intitulé « Désespoir d’un chômeur »qui ouvre la partie au titre évocateur : ’Dans le labyrinthe de la vie’ est très poignant. Le poète devient le chômeur dont il décrit le quotidien. En dépit de sa volonté de travailler :

« Le travail vit toujours derrière les barbelés

Et les aboiements qui proclament son absence

Avant l’encre noirâtre des écriteaux » [64].

Notons la symbolique des « barbelés » qui renvoie à une personne bien protégée. Le travail devient une sorte de forteresse imprenable. Non seulement, il ne manque plus mais il est absent. Les « aboiements » dont il est question sont des réponses des patrons agacés par le ballet de ceux qui viennent frapper à la porte pour chercher du travail. La situation du chômeur est tragique d’autant qu’il est « sans toit, ni sous » [65]. Vagabond, il est traqué par la police qui l’« a identifié parmi les chiens errants de la ville » [66]. Ce sont à coup sûr ces chômeurs qui vont se révolter et mettre à bas le régime en place. La poésie de Tati Loutard est un instantané du quotidien des Congolais. Le poète descend dans la rue pour montrer le petit peuple en train de se battre pour survivre. Il promène le lecteur le long des rues des villes congolaises et fait entendre les gémissements et la colère des classes défavorisées. Sa poésie dit la souffrance de ceux qui se battent pour leur dignité.

b)- L’Afrique et le reste du monde opprimé.

De tout temps, la poésie est l’un des moyens employés pour dénoncer les guerres ou l’oppression. La poésie devient comme les autres types d’écriture le reflet de son époque. Césaire, Damas, Senghor d’une part, Tchicaya U Tamsi d’autre part, ont observé et interrogé l’Histoire contemporaine à l’écriture de leurs poèmes. La répression en Afrique du sud, les guerres coloniales et idéologiques au Vietnam ont fourni des sujets de bien de leurs poèmes. La seconde guerre mondiale et ses massacres des populations n’a pas laissé indifférents les poètes qui écriront plus tard. Tati Loutard, reprenant la parole biblique parle du « massacre des innocents » perpétré par les américains qui ont recouru à la bombe atomique en août 1945 sur les villes japonaises de Nagasaki et « Hiroshima ensanglante encore la mémoire » [67].

Le Vietnam qui brûle à cause des bombes lancées par les soldats américains envoyés pour stopper la propagation du communisme. A propos des guerres du Vietnam et du Liban, l’auteur des Nouvelles Congolaises se demande si l’homme n’est pas assimilé à « l’herbe des champs que l’on brûle » :

« Des nuages de feu

Qui montent des Saïgon et Beyrouth » [68].

Le pluriel traduit à coup sûr la longueur de ces conflits. L’Afrique du sud dans les poèmes de Tati Loutard est une allégorie d’un grisou qui tue les mineurs noirs :

« Je t’aime comme la Croix du sud qui monte

Avec sa clarté qui nous rapproche du rêve austral

Et nous montre un peuple pour toujours réveillé

Par le coup du grisou de Sharpeville » [69].

Ce « peuple pour toujours réveillé » est noir et des mineurs et jeunes toujours prompt à faire face aux forces de police de l’ordre blanc et raciste. Le participe adjectival « réveillé » signifie être en éveil, en alerte, vigilant. Le grisou renvoie à la mine, au travail et à ses risques mais aussi à la révolte de la rue qui brave la mort. Le grisou ce sont les injustices dont sont victimes les noirs sud africains. A l’image des poètes nègres évoqués ci-haut, les textes de Tati Loutard sont une page de l’histoire dans la mesure où elle parle de la rencontre entre l’Occident chrétien et l’Afrique animiste aux conséquences incalculables. Cette rencontre est évoquée de façon allusive à travers le motif de la mer, tombeau des esclaves :

« De toutes les mers disposées en croix

Pour les tombes de mes propres âges ensevelis » [70]

Les « croix » évoquées renvoient à la mer, allusion à la sépulture des esclaves qui y sont jetés. Pour avoir osé revendiquer leur humanité en se révoltant, c’est ce que dit clairement le poème dans « Décor de mort et d’amour » :

« A travers le domaine océanique

Elle se souvient du suaire glauque où les vagues enroulent les naufragés » [71].

Par ailleurs, la mer est aussi la voie funeste qui a favorisé le commerce triangulaire :

« Puis-je oublier le chemin des éblouissements

La route particulière des épices » [72].

L’allusion à la route des épices à l’origine de l’assujettissement de certains peuples d’outre-mer par les Européens.

Les poèmes qui composent notre corpus sont des textes mémorables ancrés dans un environnement et dans l’Histoire.

Conclusion

L’oeuvre de Tati-Loutard peut être lue comme un hymne au terroir. Se promenant armé de son stylo, habité par une inspiration, l’auteur des « Normes de temps » fait défiler le Congo qu’il a aimé et visité. Des souvenirs lointains qui remontent à son adolescence, aux plus récents, le lecteur suit avec joie ces pérégrinations dans Brazzaville et ses environs. Ces souvenirs sont faits des deuils dont celui né de la mort de son père. La mort, pour le poète ce sont des amis écrivains comme Diop Kegni ou des amis politiques. Enfin, à l’image de Tchicaya U tamsi, la mer devient le partenaire de jeux ; on le suit donc au bord de l’océan atlantique assister à leurs espiègleries. Enfin, le poète parle de la situation des peuples opprimés en cela son œuvre embrasse l’histoire de l’humanité. On la lit avec joie. Lyrique,toute l’écriture de Tati Loutard est à la fois personnelle et globalisante dans la mesure où la situation du chômeur brazzavillois ressemble à s’y méprendre à celle de tous les chômeurs, faite de détresse et de rêves crevés.

Bibliographie :

Maulpoix, Jean-Michel,Sur le lyrisme, José, Corti, 2000

Tati Loutard, Jean-Baptiste,L’Envers du soleil, L’Harmattan, 1978

Le Dialogue des Plateaux, Présence Africaine, 1982

Les Normes du temps, Hatier, 1989

L’Ordre des phénomènes suivi de Les Feux de la planète, Présence Africaine, 1996.

J’ai choisi l’édition des Œuvres Poétiques publiées par Présence Africaine en 2007.

Notes

[1Maulpoix, Jean Michel, Sur le lyrisme, José Corti, 2000, pp.16-17

[2Maulpoix, Jean Michel,Sur le lyrisme, José Corti, 2000 ; pp.16-17.

[3Idem

[4Tati Loutard, Jean-Baptiste,Les Normes du Temps( 1974) inŒuvres complètes, Présence Africaine, 2007, p.208. Toutes les références de l’œuvre de Tati Loutard sont tirées de ce recueil abrégé OP suivi du numéro de la page.

[5Les Normes’ in OP, p.193 et sq.

[6op.cit. in OP., p.206.

[7Tati-Loutard, L’Envers ’in OP,p.135.

[8Ibid, p.141.

[9op.cit.p.143.

[10Les Normes’,in OP ;p189

[11L’Envers, in OP, p.142.

[12LeDialogue’,in OP,p.136.

[13Le Dialogue’, in OP, p.321.

[14op.cit. p.322.

[15Idem

[16op.cit.pp.323-324.

[17Le Dialogue’in OP, p.351.

[18op.cit.309.

[19L’Ordre’in OP, p.310.

[20op.cit.476.

[21Le Dialogue in OPp.307.

[22op.cit.p.320.

[23Tchicaya U Tamsi,’Arc musical’p.124.

[24Chemain (Arlette), Préface Les Normes du temps, pp. 7-23.

[25Les Normes ’in OP ; p.194.

[26op.cit.193.

[27op.cit.p.196.

[28op.cit.217.

[29Le Dialogue in OP ; pp.327-328

[30Op.cit. in OP ; p.328. La citation complète est : ’Lorsque ton pays est sale et manque une paix durable, tu ne peux lui rendre sa propreté qu’en le lavant avec ton sang’.

[31op.cit. in OP, p.331.

[32Idem

[33Le Dialogue in OP, p332.

[34Le Dialogue in OP,p.333.

[35idem

[36’Le Dialogue’, pp.333-334.

[37Le Dialogue’ in OP,p.335.

[38Le Dialogue’ in OP, pp.335-336.

[39Le Dialogue in OP, 337.

[40Le Dialogue in OP, p.337.

[41Idem

[42Le Dialogue, p.339.

[43Idem

[44Le Dialogue in OP ;p.334.

[45L’Ordre in OP, p.519.

[46Les Feux in OP, p.272.

[47L’Envers’ in OP, p.156.

[48Les Feux’in OP.p.296.Mongo Poukou est un vieux cimetière abandonné dans le village éponyme situé entre Pointe Noire et Loango ?

[49Les Normes’in OP ; p.244.

[50Ibid, pp.244-245.

[51L’Envers’ in OP, p.157.

[52idem

[53idem

[54Le Dialogue’inOP, p.354.

[55L’Envers’ inOP., p.158.

[56idem

[57Le Dialogue in OP, p.352.

[58Les Normes’ in OP, p.191.

[59Les Feux’ in OP, p.273.

[60Les Feux’in OP, p. 293.

[61Les Feux’ in OP, 94.

[62Vie poétique’ in OP, p.582.

[63L’Envers’in OP, p.131.

[64op.cit.p.148.

[65op.cit.p.147.

[66Idem

[67Le Dialogue’ in OP, p.317.

[68Les Feux ’in OP, p. 288.

[69Le Dialogue’ in OP, p.316.

[70Les Feux’ in OP, p.256.

[71L’Ordre’in OP, p.481.

[72L’Ordre’in OP, p.480.

© la revue des ressources : Sauf mention particulière | SPIP | Contact | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0 | La Revue des Ressources sur facebook & twitter