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1er juin 2010, par Ascanio Celestini,
Olivier Favier
J’ai un pistolet et je tire.
Mais je ne suis pas quelqu’un de violent, je veux dire que je ne fais pas ça pour tuer quelqu’un en particulier. Je me mets à la fenêtre et je tire.
Il y en a qui tirent sur les nègres. J’aimerais bien leur demander “tu fais comment pour reconnaître un nègre ?” Bien sûr qu’un Somalien ou un Nigérian est tout ce qu’il y a de plus nègre, mais un Algérien ? Le (…)
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12 décembre 2009, par Carlo Bordini,
Olivier Favier
Même si je ne comprends pas grand chose à la photographie, j’ai toujours pensé que Ghirri était un génie. Je le lui ai dit une fois, en fait, que je pensais qu’il était un génie. Il s’est un peu caché et il a dit « allons donc », mais on voyait qu’il y croyait et qu’il était content, il a fini par dire : « Mais bien des gens ne me comprennent pas. » À cette époque l’idée que quelqu’un ne le (…)
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9 août 2009, par Olivier Favier
Pour Violon seul est sorti en 1995 en Italie, il a été traduit depuis en anglais, en allemand et en espagnol, partout avec succès. L’auteur, Aldo Zargani, retrace ses souvenirs d’enfant juif piémontais, dans l’Italie fasciste d’après les « lois raciales » de 1938. À travers ce témoignage d’une haute tenue littéraire, c’est la question de l’antisémitisme et de la participation de l’Etat (…)
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10 août 2010, par Ascanio Celestini,
Olivier Favier
Ascanio Celestini (né à Rome en 1972) s’est affirmé en une dizaine d’années comme une figure majeure du théâtre-récit, un courant spécifique à l’Italie, dans la lignée de Dario Fo. La dramaturgie classique y cède le pas à l’art du conteur, et le narrateur reprend le rôle de l’intellectuel, c’est-à-dire qu’il devient la mauvaise conscience de son temps. Au-delà de ce courant, les ouvrages (…)
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9 mars 2010, par Ascanio Celestini,
Olivier Favier
Il était une fois un petit pays.
Dans le petit pays il y avait un petit gouvernement. Il y avait aussi une petite école.
Mais le petit gouvernement et le petit pays pensèrent qu’il y avait trop d’enseignants dans la petite école et il dirent éliminons les enseignants qui enseignent des matières qui ne sont pas indispensables parce que trop de matières vont mettre la confusion dans (…)
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8 février 2010, par Ascanio Celestini,
Olivier Favier
Note du traducteur : en Italie, quand quelqu’un fait un sale coup, et qu’il cherche ensuite à échapper à ses responsabilités, on dit qu’il jette la pierre et qu’il cache la main qui a jeté la pierre. C’est une expression populaire qui dit bien ce qu’elle veut dire, mais il semble, si l’on en croit l’auteur, qu’elle ne soit plus vraiment d’actualité.
Vous cachez la main !
Je vous ai vu, (…)
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4 septembre 2010, par Carlo Bordini,
Olivier Favier
Et qu’auras-tu donc pensé tué par tes propres frères traqué par les mitraillettes prolétariennes un goût de douce amertume un goût de sang dans la bouche (…)
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13 mai 2010, par Olivier Favier
Où va le roman ? Avant tout, répondrais-je, là où va cet homme.
Roberto Roversi
Qui étais-je à trente ans ? Assurément quelqu’un qui ressentait l’amour d’une manière singulièrement proche et pourtant radicalement autre de ce que nous raconte, dans son roman posthume, Iginio Ugo Tarchetti. Un roman, comme le note fort justement Walter Benjamin, ne nous invite pas à tirer la « morale de (…)
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1er janvier 2011, par Olivier Favier
Il est de ces musées anciens, aux parquets vieillis et aux fenêtres hautes, de ces moments élus où se ferme un voyage, l’impression qu’il nous laisse, un sentiment fuyant de beauté douloureuse, de pétrifiante nostalgie. Arrivant à Bergame, je visitai bientôt l’Académie Carrara, dans une fébrilité étrange où la sonorité des mots me servait de promesse.
A l’étage, je me trouvais au seuil de (…)
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30 août 2010, par Olivier Favier
« En 1967, je distinguais deux formes, successives et rivales, du pouvoir spectaculaire, la concentrée et la diffuse. L’une et l’autre planaient au-dessus de la société réelle, comme son but et son mensonge. La première, mettant en avant l’idéologie résumée autour d’une personnalité dictatoriale, avait accompagné la contre-révolution totalitaire, la nazie aussi bien que la stalinienne. (…)