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Larsens I. The Rolling Stones. Tournée européenne. 1967 

lundi 15 juin 2015, par Grégory Hosteins

Premier effet larsen d’une photo de concert et d’un langage tendu vers sa musique silencieuse

Stones Zurich One

Entre ceux qui se trouvent au milieu de la scène, au milieu dénudée, encombrée des chaises retournées et brisées sur le sol, dont certaines continuent même de voler, et ceux qui se trouvent amassés sur des hauteurs inconnues, le long d’une vertigineuse pente, on devine que le concert vient d’avoir lieu sur la piste d’un stade. Patinoire ? Vélodrome ? Enceinte sportive. Très tôt le rock se joue dans les stades. Il y résonne. Souvent mal. Je ne sais pas s’il faut même dire qu’il résonne. Les musiciens ne s’entendent qu’à peine dans ces lieux. Il n’y a pas de retour convenable. L’amplification rend les musiciens sourds à leur jeu. Les enceintes sont trop loin, inadaptés ou mal dirigés. Il n’y a que le batteur qui retienne la pulsation qu’il balance. La seule enceinte est le stade. S’entendre : conduire la musique note à note, à l’oreille, n’est pas possible en ces lieux. Je cherche ces dimensions essentielles du concert que ces conditions de jeu tiennent inévitablement refermées. Je vois dans ce défaut d’espace et de temps le site précis dans lequel le rock’n’roll s’est toujours fait (non) entendre. Même aujourd’hui où les stades sont équipés pour le recevoir. La foule qui hurle renvoie le son que les musiciens balancent de la scène. La musique s’accomplit dans ce brouhaha. Le son va forcément répété, sourd, au milieu de lui-même. Le son n’est pas séparable des espaces qui le font résonner. Le son est une résonance, une répétition intrinsèque. Contre les physiciens et contre le Boulez de Répons. La musique jette une oreille (l’oreille des pieds, l’oreille du ventre, l’oreille du crâne, l’oreille du cœur) au milieu des vagues du son. L’oreille s’immerge et se perd. La musique comme le son n’est pas séparable des espaces qu’elle inonde. Que dans les théâtres, les gymnases, les salles de bal, les auditoriums, les salles de cinéma, le son reste sourd à lui-même, sourd aux belles formes que les mélomanes écoutent dans toute musique, sourd aux effets qui sont recherchés en studio, que cela se produise, qu’il y ait cet assourdissement au milieu du concert, ce bruit abyssal, cela ouvre la possibilité et la nécessité de l’émeute. Cette danse collective qui fait valser même les choses et les êtres du monde, cette danse qui crée elle-même son chemin dans le temps, signe le balancement d’un pôle à l’autre du concert. Entre le son qui venait de la scène, des musiciens sourds qui jouaient, celui qui donnait le la si difficile à entendre, et celui qui faisait retour dans une incessante clameur, le même son et pourtant substantiellement différent, le concert bascule et descend dans la fosse : une nouvelle scène s’entrouvre et la musique, même réduite aux chants, cris, tapages, bruits, fumées et lueurs, se met à danser complètement. Rien ne vient plus vous tirer les oreilles.

[/ Les ratés ont du génie.
L’imprécision de l’image, la mauvaise qualité du grain de la photo
nous font apprécier autre chose, les accidents qui l’émaillent, qui l’empêcheront à jamais de finir en bel objet d’art.
Ce sont des témoignages expirants qui se donnent ainsi,
des paroles crevées de mots sales et absents.
/]

Electricité

Tu n’y arriveras à rien, tes pauvres procédés ne te mèneront à rien, quelques pistes live captées un tout autre moment, un simple photo au lieu du film qu’il t’aurait fallu : tu n’auras rien du grain de réalité qui te serait nécessaire pour capter l’événement qui se fait jour ici, qui se fait jour encore dans ce carré de blanc et de noir, qui luit encore malgré tout ce qui de lui a disparu, s’est dispersé, s’est retenu dans quelque bosse, cicatrice, frayeur, jubilation, vieille histoire, vieille gloire, bout de chemise, montant de chaise, débris d’un monde au sommet de sa gloire, tu n’auras rien pu dire, même en alignant lignes et lignes, de ce qui dans cet événement, cette émeute, concerne le rock’n’roll en tant que tel, n’est pas accidentel, ne lui est pas pour autant absolument essentiel, un même événement que cette musiquémeute, une même émotion qui communique de l’une à l’autre sans distinction véritable, une musique en puissance d’émeute, voilà ce que tu pourras dire, que l’image montre mieux que des mots qui viennent de toi, qui viennent trop tard, même si la photo ne montre rien d’un concert, même si ne reste que le fracas d’un concert, que de la poudre aux yeux blanche qui dissimule le cœur de la scène, tu aurais dû y être pour être capable d’en dire quelque chose, tu aurais dû être cette ombre qui passe l’air de rien, tu aurais couru prendre une chaise, tu l’aurais éclatée sur le sol, encore électrisé par cette musique qui prolonge, décuple, intensifie, fait entendre dans le monde tes états, ses états, nos états de tas et tant d’autres, des états de colère, d’insatisfaction, des états de détresse, de terreur, des états contre d’autres états, des états souverains, d’ordre et de tranquillité suprême, l’État comme émotion mystérieuse, porté au pinacle et célébrée en tant que telle. Tu aurais dû y être, imbécile, tes pauvres photos, tes disques rayés ne t’aideront en rien, ne sont qu’une maigre mémoire trouée, asséchée, étriquée face aux odeurs de lacrymo et de poussière qui volaient dans les airs ce jour-là, face aux cris, au tumulte, à l’odeur de sueur, de sang et de pisse, aux émotions qui passaient dans les gestes et les cris. Des signes inédits ont été lancés ce jour-là entre les hommes et les femmes, des signes qui ne deviennent pas des stigmates, qui ne marquent pas dans la rue tout un chacun sous le soleil, mais des signes que l’on reconnaît d’un simple coup d’œil quand on les remarque au hasard : tu étais là et j’y étais, nos yeux se dévorent, nos langues s’enlacent et nos bras se retiennent, tu n’aurais pas tenu une minute dans cette atmosphère de danger, tu n’aurais pas su éviter de prendre une chaise dans la gueule, de pester contre les organisateurs de concert, de ne pas même comprendre que le rock’n’roll sonnait la fin des concerts, qu’il n’y avait pas de salle, de lieu, où cette musique pouvait résonner pleinement pour elle-même. Elle était trop puissante ou trop faible pour ces lieux, soit on ne l’entendait pas, soit elle fracassait la salle, les chaises sur lesquelles on espérait que tout le monde, bien sagement, écoute les grands airs. Tu aurais nagé dans un rêve duquel tu ne serais jamais ressorti, tu aurais vécu quelques heures dans un espace à la fois irréel et aux réalités brutalement simplifiées. Tu aurais vu les gens envoyer leur petite et particulière individualité se faire foutre, éclater toutes ces chaises qui les mettaient tous à part, un par un, dénombrables, tu les aurais vus se rendre innombrables en se jetant dans la confusion, vu se confondre les uns dans les autres en se collant et s’agglutinant, en courant sans cesse dans tous les sens, quittant les vêtements qui leur donnaient trop de genre et bien de trop de statut, tu aurais vu les gens ivres de musique atteindre à la force et aux effets d’un énorme ouragan. Tu aurais vu les hommes faire tout autre chose qu’une masse destinée à conduire vers nulle part l’électricité qui est en eux. Tu aurais senti qu’un mythe s’écrivait sur le sol, dans les airs, tu aurais su que ce qui vibre avant d’être audible pour les hommes, est une électricité qui se trouve dans l’air, que les corps rassemblés par la musique accumulent et déchargent autour d’eux. L’électricité est la lettre du rock’n’roll, son anti-métaphore, sa stupide véracité. Tu aurais compris que la substance du son a changé quelque part dans le siècle. Que peu de musiques l’ont pris à bras le corps, se la sont insufflés dans les yeux, les poumons, le orteils, dans les veines. Tu aurais vu revenir tant d’histoires si tu avais été à ce non-concert, tu aurais vu passer ce vieux Frankenstein qui savait déjà devoir sa naissance (maudite) au génie de l’orage électricité, tu aurais su comme lui que nos vies sont avant tout électriques, des pensées aux névroses qui nous rongent les nerfs, aurais-tu senti dans ta voix soufflée par l’orage, la tempête, ton âme où tant résonnait, disparaître, s’éclipser après les visions de l’éclair ? Il aurait fallu que tu sois plus visionnaire car ce n’est pas à Varsovie que cette photo fut prise mais au Hallenstadion de Zurich le 14 Avril 1967.

Coulisses

Je voulais voir les Stones derrière cet écran de fumée. Je voulais voir d’autres photos, d’autres images, pour pénétrer dans la salle. Je voulais voir l’attitude, le visage, et les gestes des musiciens au milieu de l’émeute, voir peut-être les musiciens rejoindre la foule.
Sortez de là, musiciens !
Êtes-vous planqués sous des chaises ?
Êtes-vous en coulisses ?
Êtes-vous encore là ?
Il n’y a plus de refuges qui ne tiennent, plus de scènes avant-scène où cacher les sources de l’invisible musique.
Altamont ! Altamont, où vous n’aviez d’autres issues qu’un hélicoptère pour quitter la scène, petite bande de lumière cernée par l’immensité de la foule.

Stones Zurich Two

Les musiciens n’ont plus besoin d’être là quand la foule déborde et n’use plus d’autre musique qu’elle-même.

Les signaux

Le concert des Stones est fini depuis bien longtemps. Depuis toujours je dirais. Je les entends, pourtant, continuer à jouer, je vois la musique passer dans l’image, je vois la photographie atteindre au tonnerre. Il n’existe pas de concert des Rolling Stones ou d’autres groupes de rock. Un concert de rock est un oxymore. L’un et l’autre des termes se prennent en défaut, se rendent sourds l’un à l’autre. Dire que le rock’n’roll est mort parce qu’il se répète est une absurdité. Le rock’n’roll fut d’emblée une répétition, la lancée d’un pulsation nouvelle, binaire, ultra-simplifiée. Les chaises volantes et brisées sont autant de notes hachurées, de mesures hachées qui remplissent et rythment l’espace. Les émeutes jettent et se développent au milieu de ce type de signaux. Dans la rue ce sont les voitures qui brûlent : le feu de la lumière, le feu du rassemblement, le feu des enfers. Dans une salle qui n’est même pas une salle de concert, mais une salle de sport que l’on ruine, ce sont d’autres signaux. Signes sonores et visuels qui montrent et qui disent. Baissez le son, coupez le son, vous verrez la musique en plein air !

Midnight Gambler

Tu paries ? Tu paries qu’on ne finira pas le concert ? Combien tu paries, toi, qu’on ira pas jusqu’au bout ? Trente, vingt, dix, cinq minutes voilà la durée d’un concert rock’n’roll. Tant de tournées ont fini comme ça chez les Stones. Problème dont ils parlent librement : comment monter et descendre de scène : problème numéro un pour les Stones. La foule envahit la scène de ses cris, déchire la bulle sonore. La foule finit par monter sur les planches, déchirer le rideau policier, coupe le cordon. Les spectacles ne sont même pas raccourcis : suspendus seulement en plein vol. Le rock’n’roll n’a qu’un lieu transitoire où venir et partir. Jamais là pour tellement bien longtemps. Suis-moi ! Mais suis-moi, Brian ! Ne reste pas là, sinon ils vont te choper sur la scène !

[/Chacun s’avance au lieu où résonne ce qu’il n’a le droit d’entendre qu’en rêve, ce qui ne lui est donné qu’en mémoire, qu’en promesse.
Chacun investit les lieux où se fait sentir le bruit qu’il n’entend jamais chez les autres − toujours à gueuler pour lui seul et personne./]

Celui sans qui

Tu n’aurais pas dû venir, ai-je répété à Johann, en lui faisant signe de rester dans mon dos. Tu n’aurais pas dû mettre les pieds dans cette antre ce soir, au milieu du tumulte, au milieu du bordel qui règne à présent dans la salle. Je n’aurais pas dû risquer de te perdre dans ce magma assourdissant qui occupe désormais l’énorme volume du stade. Je ne n’entendrais pas même, tu sais, si tu pouvais crier, ai-je dit à Yohann. Même l’extrême intimité du chuchotement n’y suffirait pas, n’y ferait que rien ne pourrait s’entendre entre nous sinon la brise chaude venue du fond de tes poumons qui me chatouillerait l’oreille dans ce méchant fracas. Le vélodrome en est plein, ai-je fait remarquer à Johann, l’enceinte est remplie de ce son d’une nouvelle épaisseur pour toi et pour moi. Tu es comme à des dizaines de mètres, lui ai-je fais remarquer de mes mains, lui ai-je fais montrer à lui qui se tenait fermement appuyé à mes hanches et qui regardait la scène grandir dans mon dos. Le son a tout avalé. Toute parole commune, tout code convenu, toute anticipation immédiate. Le brouhaha ne laisse plus rien passer d’autres que quelques bribes de son dense et abstrait. Un appel, un cri, un pétard, un ordre, un chant, une éructation de colère : tu n’aurais pas dû être ici pour écouter ces trouées de vacarme, ai-je lancé à Yohann qui passait d’un côté et de l’autre de mes hanches étroites, tu n’aurais pas dû savoir qu’autant de bruit était possible dans une salle de concert. Tu aurais dû entendre parler le lendemain matin dans la rue de saccages, de sauvages, d’une horde de barbares lançant au son du rock’n’roll leur fameux cri de guerre. Entendre dire cela de la bouche de passants dans la rue aurait été mille fois préférable à ce que tu peux voir et entendre ce soir, j’ai dit fermement à Yohann. Il n’y a pas d’ensauvagement plus abouti, plus complet, qu’en ces salles qui ne sont pas de concert ; il n’y pas de déchaînement collectif plus abouti qu’en ces lieux qu’on invente aux formats qui nous sont nécessaires. Tu aurais dû venir voir une course de vélos ou un match de boxe, ai-je dit à Yohann qui n’arrêtait pas de gesticuler dans mon dos. Tu aurais eu moins d’appétits sanguinaires, tu serais devenu le bon petit garçon que personne, tu le sais, ne te fera jamais devenir ; tu n’aurais pas vu et compris à quel point la parole n’est que la pointe d’un cri qui déborde chaque geste et chaque pliure du corps et de ses mille épidermes. Un œil qui s’ouvre crie, ai-je montré à Yohann, deux doigts qui s’écartent crient, lui ai-je montré de mes mains, un cou qui se dresse, une aisselle qui baille, un genou qui s’incline, la peau qui se plisse, un sexe qui s’ouvre, qui sort de son voile, hurle, ai-je insisté auprès de Yohann, lui faisant remarquer que tout cela, il n’aurait jamais dû le savoir. Il aurait mieux valu que tu vois les photos sur les journaux que les docteurs et les instituteurs auraient bien voulu te faire voir, ai-je tout de même insisté auprès de Yohann, te faire voir sans le dire, et de biais, pour que tu saches ce qu’un enfant trouvé dans les bois ne doit surtout pas faire quand les loups sont lâchés dans la ville et qu’ils hurlent ensemble et font d’une salle de concert une forêt l’heure d’un soir. Tu aurais dû plutôt voir les photos que je prends, ai-je légèrement sermonné pour la forme Yohann, des photos où rien de ce qui se passe, ou a pu se passer entre les musiciens et la foule, a conduit à ruiner cette hypocrisie voulant qu’un vélodrome puisse devenir une salle de concert. Tu ne pourras jamais voir ces photos, ai-je consolé et tenté d’égayer le jeune Yohann, ces clichés où, au-delà de l’hypocrisie, on aurait pu voir toute l’absurdité qu’il y a à vouloir accueillir un groupe de rock’n’roll dans une salle de concert. Tu n’aurais pas dû venir voir qu’on était pas du tout là pour cela, ai-je regretté amèrement pour Yohann, qui tournait autour de moi et semblait vouloir lancer des chaises, lui aussi, dans les airs, tu n’aurais pas dû comprendre que la musique est bien nécessaire pour se rassembler comme cela mais qu’elle déborde tout ce qu’on a pu dire et voir de ce qu’on appelle un concert. Tu n’aurais pas dû sentir cette impatience, même dans la queue avant ce que je ne sais pas nommer autrement qu’un concert, ai-je rappelé à Yohann, quand déjà on voyait se chauffer les uns et les autres dans la fille, tu n’aurais pas dû sentir ce rapprochement qui réchauffe et qui brûle, qui fait que le feu a encore de beaux jours pour dire l’événement qui se produit, même sans émeute, même sans désordre, dans une salle de sport qui se veut accueillir un concert. Si je n’avais pas cédé, tu n’aurais pas pu être là pour surprendre le martèlement du sol qui se faisait entendre bien avant ce qui serait autrement qu’un simple concert, tu n’aurais pas pu voir ces pieds énervés qui claquaient sur le sol, ces talons qui claquaient et piétinaient la terre d’incessantes marches immobiles qui les menaient déjà au-delà de ce que je ne sais toujours pas nommer autrement qu’une salle de concert. Mais tu voulais voir les Stones, pas seulement les entendre, comme un dimanche, en matin, où j’ai passé le disque dans la pièce où tu étais là, par hasard, attendant qu’on te montre comme un phénomène de foire, Yohann, à la presse, quand tu as dansé, tout de suite, à l’écoute d’un morceau Mother’s Little Helper ou Under My Thumb, comment le savoir ? J’ai toute de suite repensé à cela quand j’ai senti que tu me lâchais pour de bon, Yohann, que tu t’en allais rejoindre les autres qui dansaient transis de musique sur la scène qui abattait au sol toute idée de spectacle ; repensé à ce matin où tu as bondi tout d’un coup au son des Rolling Stones alors que te voilà déjà passé de l’autre côté de la photo, de la chambre au cadre, et que tu me quittes si vite, sans merci, sans au revoir, que je ne sais même pas si l’ombre, la mauvaise ombre que de toi je garderai sur la photo, vient d’une mauvaise humeur de ma part ou de ton infigurable soudaineté.

L’émeute

D’autres moments de l’événement ont été photographiés et sont visibles sur le site suivant :

La projection d’objets et d’effets vers la scène. Contacts à distance.

Les idoles atteintes

Au bord de l’enceinte majeure : le cordon policier

Le début de l’émeute. Faire place nette. Détruire les enclos, les ceintures, les limites.

Déchirer les liens qui enserrent

L’ascension de l’estrade

La fin de l’état de siège

Les séquelles (aftermath) de l’émeute

P.-S.

Ai écouté Got Live If You Want It longtemps. Longtemps. Impossible d’écouter pourtant la musique que les Stones jouaient à peine un an avant 67 et dire en même temps l’image qui la montre − cerner plus précisément que le cadre la lumière qu’elle répand. A fallu se décaler un peu dans le temps, laisser les années filer, rejoindre l’extrême actualité des publications discographiques (passage à l’université de Leeds en 1971). Les costumes plus exubérants, les traits plus lourds, les visages plus larges, les Stones ont tout de même réussi, à partir de Sticky Fingers, à faire du son avec le bruit des émeutes passées, à faire sonner dans leur musique le tumulte antérieur. Les cendres des feux qui couvaient peignaient désormais leurs visages fardés.

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